La Manufacture Berlier parie sur le textile de seconde main

La Manufacture Berlier parie sur le textile de seconde main© Thomas Petz-Unsplash

La Ville de Paris vient d’ouvrir, dans le 13e arrondissement, la Manufacture Berlier. Ce lieu de 1 150 mètres carrés accueille des structures spéciali

Orée : sur la route de l’économie circulaire
L’ADEME Île-de-France s’engage avec la CRESS Île-de-France dans l’économie sociale et solidaire
11 -> 23/07 | Fab City Summit 2018 : promouvoir les villes engagées en faveur d’une production locale, circulaire et durable.

La Ville de Paris vient d’ouvrir, dans le 13e arrondissement, la Manufacture Berlier. Ce lieu de 1 150 mètres carrés accueille des structures spécialisées dans le recyclage de matières textiles qui sont ensuite transformées en nouveaux vêtements. Avec ce projet, la municipalité espère limiter les déchets et créer des emplois.

Collecter, recycler, recréer et revendre dans la capitale. C’est l’ambition que porte la Ville de Paris, en développant une filière locale d’économie circulaire dans le domaine du textile de seconde main. Car d’après la municipalité, 20 000 tonnes de textiles sont jetées chaque année sur son territoire. La plupart finisse dans des incinérateurs ou dans des décharges à ciel ouvert.

« Le textile est dans le top 5 des secteurs les plus polluants de la planète », rappelle Florentin Letissier, adjoint à la maire de Paris en charge de l’Économie sociale et solidaire (ESS), de l’Économie circulaire et de la Contribution à la stratégie zéro déchet à la mairie de Paris.

Pour limiter ce phénomène, la Ville de Paris a ouvert la Manufacture Berlier au sein d’un immeuble de bureaux et d’activités situé dans le 13e arrondissement. Au deuxième étage, un plateau de 1 150 mètres carrés accueille cinq structures spécialisées dans l’Économie sociale et solidaire. Leur objectif : créer de nouveaux vêtements à partir de tissus et d’habits de seconde main, et ce en plein cœur de la capitale. Car là est l’autre enjeu de ce projet : « relocaliser les activités productives et artisanales » à Paris.

Fashion Green Hub de Roubaix

La manufacture accueille une matériauthèque dans laquelle sont entreposées des matières textiles, des ateliers de production de petites et moyennes collections, un bureau d’études spécialisé dans l’éco-conception et un espace pour accompagner les jeunes créateurs souhaitant se spécialiser dans la « mode circulaire ». Pour les aider, machines à coudre, surjeteuses, surfileuses, logiciels de conception 3D ou encore imprimantes numériques pour textile sont mis à leur disposition pour réaliser un vêtement de A à Z.

Les structures locataires ont été choisies par la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) en mai dernier. On retrouve notamment Fashion Green Hub, pionnière dans l’animation de tiers-lieux et spécialisée dans la « mode et le textile durables ». Cette association née à Roubaix regroupe aujourd’hui 350 chefs d’entreprise issues de toute la France. C’est elle qui anime la manufacture parisienne. Cette dernière accueille aussi H.A.W.A, une structure créée en 2021 qui entend donner une seconde vie aux vêtements et une seconde chance aux femmes en insertion sociale.

Insertion professionnelle

Espero France, un autre locataire de la manufacture, partage aussi cette ambition. La structure a déjà ouvert deux ateliers de couture « 100 % upcycling », dont l’un est dédié à l’insertion professionnelle des femmes réfugiées. Sur un total de 35 emplois créés la première année au sein de la manufacture, 24 seront fléchés vers l’insertion. D’après la municipalité, « à Paris, le potentiel d’emplois d’ici 2030 sur le territoire est estimé à plus de 3 000 postes dans les métiers de cette filière circulaire (tri, collecte, réparation et réemploi, upcycling et confection) ».

Pour pérenniser le projet, une subvention de 2,5 millions d’euros a été attribuée par la Ville de Paris. Elle permet de proposer aux locataires un loyer moins élevé que le prix du marché.

« Nous divisons les loyers par 5 pour permettre à ces activités de se développer et de trouver un modèle économique équilibré », indique David Belliard, adjoint à la maire de Paris et président de la RIVP.

La municipalité précise qu’il s’agit d’un « loyer global de 68 500 euros hors taxes – hors charges », soit 50 euros le mètre carré par an, et ce pour une durée de 9 ans.

La commune, à travers la RIVP, n’en est pas à son premier coup d’essai. La Régie immobilière dispose d’une cinquantaine de sites (incubateurs, hôtels d’entreprises, industriels et artisanaux) dans lesquels elle héberge près de 1 200 entreprises, PME, start-up ou encore centres de recherche, soit plus de 12 000 emplois créés.

 

A lire sur le même sujet

Un Atlas métropolitain de l’économie sociale et solidaire

Modul’Air, un immeuble de bureaux construit à partir de conteneurs

Industrie, le retour ?