En pleine mutation, le secteur de la logistique tente de se faire une place dans les centres urbains franciliens, tout en cochant les cases des nouv
En pleine mutation, le secteur de la logistique tente de se faire une place dans les centres urbains franciliens, tout en cochant les cases des nouvelles pratiques environnementales. Les acteurs publics et privés se mobilisent pour rendre le secteur plus performant.
Quelque 220 millions de tonnes. C’est la masse de marchandises acheminées à travers l’Île-de-France chaque année, d’après la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports d’Île-de-France (DRIEAT). Un chiffre massif qui s’explique : en 2019, l’Île-de-France était en tête du classement des régions françaises dans l’exportation et l’importation de biens.
Pourtant, le secteur de la logistique pourrait être plus efficace, en termes de parts de marché mais aussi de réduction de l’impact environnemental. C’est ce qui ressort de la première conférence régionale de la logistique, qui s’est déroulée fin 2021. Comment permettre au secteur de la logistique d’exploiter tout son potentiel, sans constituer une gêne croissante pour la société et pour l’environnement ?
Peu pris en compte dans les projets d’aménagement, les espaces de logistique font partie des grands oubliés de la planification urbaine. On leur reproche leur architecture austère, le fait qu’ils concourent à l’étalement urbain ou encore le ballet incessant des camions de jour comme de nuit. Des innovations naissent cependant ici et là depuis quelques années. À titre d’exemple, Sogaris, entreprise spécialisée dans l’immobilier logistique, a inauguré en 2018 un hôtel logistique dans le nouveau quartier de Chapelle International, dans le 18e arrondissement de Paris.
La route reste majoritaire
Parmi les atouts de cet l’hôtel logistique, son insertion urbaine et paysagère qui ne laisse rien présager des activités à l’intérieur – des terrains de sport et une ferme urbaine sont implantés sur le toit ! –, mais aussi son terminal ferroviaire. Le projet a été conçu pour accueillir de la marchandise via le train. Mais, d’après le Comité stratégique France Mobilités, « le terminal ferroviaire n’accueille pas encore de train, du fait des difficultés à rentabiliser l’activité ferroviaire ».
La route reste ainsi le mode de transport essentiel des marchandises avec « 90 % des tonnages déplacés en Île-de-France » d’après la DRIEAT. En outre, selon Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air dans la région, le transport routier de marchan- dises représente 33 % des émissions totales de gaz à effet de serre du mode routier.
C’est pourquoi, nombre d’acteurs publics et privés poussent par ailleurs au développement du transport fluvial, et donc à l’utilisation de la Seine. Des innovations voient le jour ici aussi, comme la barge-catamaran Zulu qui peut transporter « jusqu’à 320 tonnes de marchandises (soit le contenu d’environ 15 camions) » d’après Voies navigables de France. Développé par Sogestran, ce bateau dispose d’une grue pour faciliter les chargements et roule à l’hydrogène, un gaz « vert ».
Association France Logistique
Aujourd’hui, l’État, à travers son « programme d’actions pour le fret et la logistique en Île-de-France », ambitionne de fédérer l’ensemble des acteurs. Près de 14 actions sont listées afin de mettre en place une gouvernance régionale, de réduire l’impact environnemental ou encore de développer la multimodalité. Les collectivités locales, quant à elles, mettent au point des stratégies, à l’instar de la Métropole du Grand Paris qui a décidé, en 2021, de donner un coup d’accélérateur à son « pacte pour une logistique métropolitaine », adopté en 2018.
Outre la modernisation de leurs installations ou encore l’acquisition de flottes moins polluantes, les acteurs privés s’organisent. Certains se sont regroupés au sein de l’Association France Logistique, créée en 2020. D’autres lancent des initiatives : Paris La Défense, aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires, et Sogaris ont signé un partenariat fin 2021 afin de transformer des parkings obsolètes en infrastructures de logistique urbaine. « Ce partenariat permettra de poursuivre le déploiement du réseau souverain que portent Sogaris et ses partenaires : c’est en effet la clef pour réduire l’empreinte carbone de la mobilité des biens dans le Grand Paris », déclare Jonathan Sebbane, directeur général de Sogaris. Les initiatives pourraient donc bien se multiplier.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 35ème numéro d’Objectif Grand Paris, à paraître début mars.
Photo : Agence Chronopost Paris Beaugrenelle. © Popy-Rea-Chronopost.
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