Depuis une quinzaine d’années, Séquano Aménagement travaille à la transformation de quatre nouveaux quartiers situés le long du canal de
Depuis une quinzaine d’années, Séquano Aménagement travaille à la transformation de quatre nouveaux quartiers situés le long du canal de l’Ourcq, entre Romainville et Bondy. Si certains îlots connaissent enfin un renouveau, de nombreuses parcelles restent encore à racheter, défricher, dépolluer, réhabiliter. Point d’étape.
Où en sont les nouveaux quartiers promis sur la Plaine de l’Ourcq ? Selon l’endroit où l’on se trouve, rive gauche ou droite du canal du même nom, les paysages divergent. À Bobigny par exemple, rue de Paris, on peut admirer deux nouveaux immeubles de bureaux, Irrigo et Luminem, tous deux dessinés par l’agence d’architecture Leclercq Associés. Si ces deux bâtiments font partie de la dynamique de transformation de la ZAC, aux alentours, rien ne laisse présager des mutations à venir. Terrains nus, friches, route départementale et bâtiments industriels obsolètes peu accueillants font encore et toujours de l’ombre aux nouveaux venus.
Autre ambiance sur le secteur Engelhard, à Noisy-le-Sec. Ici, des habitants peuvent admirer le cours d’eau depuis le balcon de leur immeuble flambant neuf. Les promeneurs, quant à eux, font vivre les abords du canal réaménagé.
« Près de 600 logements ont été livrés en 2019. C’est le premier grand quartier d’habitat disponible à ce jour » – Céline Léon, directrice de projet au sein de Séquano Aménagement.
Pourquoi, alors que l’aménageur y travaille depuis 2007, ces ZAC de l’Ourcq – qui comprennent aussi des emprises à Romainville et à Bondy – progressent-elles de façon si hétérogène ?
Première explication : la taille du territoire concerné. La Plaine de l’Ourcq en transformation s’étend sur 200 hectares, et elle est loin d’être composée de terrains nus. « Beaucoup d’entreprises ont souffert de la désindustrialisation d’il y a quelques décennies. Elles ont donc quitté les lieux, ce qui a laissé pas mal de friches. L’enjeu des municipalités de l’époque était de rendre ce territoire attractif en y développant de la mixité », explique Céline Léon.
Chaises musicales électorales
Pour ce faire, l’aménageur, mandaté par les Villes, a commencé à acquérir les terrains convoités, soit par voie amiable, soit par procédure d’expropriation, ou encore par rachat à l’Établissement public foncier d’Île-de-France. Des opérations qui peuvent prendre plusieurs années. Aujourd’hui, le foncier est loin d’être maîtrisé totalement par Séquano Aménagement, qui ne peut racheter plus vite que ne le permet sa trésorerie. Viennent souvent ensuite les procédures de dépollution et de démolition qui rallongent les délais, et enfin la vente des lots aux promoteurs qui mettront, eux aussi, quelques années avant de livrer leurs programmes. Outre le temps long de l’aménagement à l’œuvre ici, deux élections municipales ont eu lieu durant ces 15 dernières années, des étapes qui généralement ralentissent les projets urbains. Aux dernières élections de 2020, quatre nouvelles équipes municipales se sont installées en mairie. De quoi amener quelques changements sur la programmation des ZAC, selon les sensibilités politiques.
Évolution également du côté de la présidence de l’Établissement public territorial Est Ensemble, compétente en matière d’aménagement sur la Plaine de l’Ourcq. Depuis 2020, c’est son plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) qui s’impose à l’ensemble du territoire. Un PLUi qui a augmenté ses exigences en matière d’environnement, notamment en termes de performance énergétique et d’impact carbone des bâtiments. Là encore, des répercussions sont inévitables sur les projets en cours. Finalement, qu’est-ce qui a été construit, et que reste-t-il à réaliser sur les ZAC du canal de l’Ourcq ?
ZAC de l’Horloge, Romainville : augmenter les espaces verts
Ici, près de 660 logements étaient livrés fin 2021. Un îlot autour de l’art contemporain a également vu le jour avec la Fondation Fiminco, qui s’est installée dans un ancien site industriel. Objectif : proposer un lieu de résidence pour artistes. Le Fonds régional d’art contemporain d’Île-de-France est également présent ainsi qu’un hôtel et le centre commercial Paddock, avec sa trentaine de boutiques spécialisées dans les grandes marques.
« Comme beaucoup de centres commerciaux ouverts peu avant la crise sanitaire, Paddock a connu des difficultés, d’autant que son offre ne répond pas aux besoins du quotidien des habitants » – Céline Léon.
Côté activités économiques, un parc a été livré début 2022 entièrement en structure bois.
Parmi les nouvelles priorités de la municipalité, on retrouve la requalification d’espaces publics afin de créer des percées vers le canal, le quartier préexistant tournant le dos au cours d’eau. Des chantiers de logements et d’immeubles de bureaux sont aussi en cours. Côté espaces verts, une réflexion est menée par la Région pour réaménager la Corniche des forts et l’ouvrir au nouveau quartier. De son côté, Est Ensemble entend augmenter le ratio d’espaces verts par habitant, avec l’objectif d’atteindre 10 mètres carrés. Au total, près de 30 % de la ZAC est réalisée ou en cours de réalisation.
ZAC Écocité, Bobigny : dans l’attente du port
Dans ce quartier, deux bâtiments de bureaux font d’ores et déjà face au canal. Il s’agit de Luminem et Irrigo. Ce dernier, lancé « en blanc » peu avant la crise sanitaire, cherche toujours preneur. Près de 360 logements étaient également livrés fin 2021 ainsi qu’un groupe scolaire. Sa particularité ? Être implanté en pied d’immeubles. Parmi les grands acteurs du territoire, on retrouve Syctom, agence métropolitaine des déchets ménagers. Cette dernière envisage de construire un port pour faciliter l’acheminement des ordures, mais aussi de moderniser ses installations situées à cheval entre Romainville et Bobigny. Il reste ici 40 % de la ZAC à réaliser.
ZAC du Quartier durable, Noisy-le-Sec : les transports publics restent à développer
L’îlot qui dynamise cette ZAC, c’est «Engelhard», avec ses 600 logements. Le quartier compte aussi un parc d’activités.
«Une réflexion est menée par les communes de Romainville et de Noisy-le-Sec pour développer une Usine des transitions, c’est-à-dire un incubateur d’entreprises spécialisé dans le domaine de la transition écologique, économique et sociale. Un appel à projets a été lancé pour sélectionner les structures intéressées » – Céline Léon.
Au programme, on note la réhabilitation du quartier dit « prioritaire » de La Sablière. « Une barre de logements a été démolie, et deux chantiers de logements en accession sont en cours afin d’amener de la mixité », précise Céline Léon. La réalisation de la ZAC est aussi l’occasion de reconnecter l’ensemble du quartier du Petit Noisy avec le centre-ville en recréant des espaces publics permettant de faire la jonction.
Côté transports, c’est ici que verra le jour la gare Pont de Bondy du Grand Paris Express, desservie par la ligne 15 Sud et attendue à horizon 2030. Un bus en site propre, le T Zen 3, prévu vers 2028, sera l’occasion de requalifier et « pacifier » la « très routière » RN3. Environ 40 % de la ZAC est ici réalisée.
ZAC des Rives de l’Ourcq, Bondy : premières livraisons
« C’est la plus petite et la plus récente des ZAC », précise Céline Léon. Les Rives de l’Ourcq comptait 150 logements livrés fin 2021. Des chantiers sont en cours, notamment la création d’un parc le long des berges. D’ici deux ans, 50% de la ZAC devrait être achevée.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 36ème numéro d’Objectif Grand Paris.
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