Versailles-Chantiers : un quartier contemporain dans une ville historique

Versailles-Chantiers : un quartier contemporain dans une ville historique

Le quartier des Chantiers à Versailles a été inauguré en octobre dernier. Ancienne friche industrielle, il renaît sous la forme d’un quartie

Rouen Normandy Autonomous Lab sur la route du CES Las Vegas 2018
Le Grand Paris Express, dynamiseur de l’économie parisienne
Voie dédiée sur le périph’ : Paris attaque la Région en justice

Le quartier des Chantiers à Versailles a été inauguré en octobre dernier. Ancienne friche industrielle, il renaît sous la forme d’un quartier moderne, d’inspiration Art déco, où cohabitent transports, logements, bureaux et commerces. Le tout signé par des architectes de renom.

De l’architecture contemporaine à quinze minutes à pied du château de Versailles ? Il s’agit bien là d’une petite révolution qu’entend orchestrer François de Mazières, maire de la ville, dans le fief de Louis XIV. « Versailles doit incarner la modernité tout en valorisant un patrimoine d’exception, affirme-t-il. Et si certains lieux sont trop sensibles pour qu’on leur impose des ruptures fortes, d’autres ne posent pas de difficultés. »

Histoire d’une reconversion

En 2008, pour répondre à l’accroissement du trafic de la gare de Versailles-Chantiers, un réaménagement est lancé. Dix ans plus tard, l’accès aux quais est facilité et le bâtiment historique rénové. Deuxième gare d’Île-de-France (hors Paris), elle accueille chaque jour 500 trains et 90 000 voyageurs. Les alentours se devaient eux aussi d’être réhabilités. Ce secteur, ancienne friche industrielle située entre la partie historique de la ville très protégée et les quartiers d’urbanisation plus traditionnelle, était peu exploité et très délabré. « C’était minable », tranche le maire. Le projet de rénovation initial prévoyait la création d’un immense centre commercial et d’une dalle en béton où pourraient passer les bus. Il s’agissait de recouvrir les anciens bassins alimentant jadis les jardins du château. L’ancienne halle ferroviaire de style Art Ddéco devait, elle aussi, disparaître…

C’était compter sans François de Mazières, qui a fait du refus de ce projet un axe clef de sa campagne électorale en 2008. « La destruction de la halle de fret et des bassins royaux était impensable. De plus, nous avons 1 600 commerces de proximité à Versailles, ils ne devaient pas être mis en danger par l’apparition d’un centre commercial », explique-t-il. Dès son élection, la Ville rachète les terrains et reprend le projet en main. Débute alors un contentieux, qui durera près de six ans, avec Nexity et Unibail, à qui l’aménagement du quartier avait été confié. En 2014, un accord est trouvé. Le nouveau projet, plus écologique, comprend des logements, des bureaux et des commerces. Charge nette pour la Ville : 20 millions d’euros.

Brique et architectes de renom

« Le quartier n’avait pas vraiment d’identité architecturale. Seul le collège Poincaré, qui date de 1934, était intéressant », précise François de Mazières. D’où l’inspiration années 30 du projet. Les maîtres mots : brique et Art déco. Le quartier des Chantiers a été inauguré le 1er octobre 2019. Adjacent à la gare ferroviaire, un ensemble d’immeubles comprenant 370 logements a été construit. La façade en briques roses rappelle les années 30 et les balcons métalliques de largeur diverse apportent de la modernité. Le dernier étage, visible depuis le château, est en zinc gris. « Il devait se fondre dans le ciel pour se faire remarquer le moins possible depuis les jardins du château », souligne l’architecte Elizabeth de Portzamparc, en charge de l’îlot ouest du projet. Par ailleurs, un îlot de 24 000 mètres carrés a pris place face à la gare. Le rez-de-chaussée est consacré au commerce, les 6 niveaux à des espaces de bureau. « Versailles est une ville très résidentielle. Je tenais à ce qu’autant de mètres carrés soient consacrés à l’activité économique qu’au logement », poursuit le maire. Réalisé par Christian de Portzamparc, le bâtiment est en briques blanches. Un grand jardin central et plusieurs terrasses ont été aménagés.

Enfin, sur la place où se trouve la gare routière s’est installé le siège de Nature & Découvertes. L’entreprise française a investi l’ancienne halle ferroviaire que le maire tenait à préserver. Patrick Bouchain, spécialiste de la mise en valeur du patrimoine industriel, a choisi de conserver l’ancienne structure en métal noir. Les façades mêlent le bois et le verre. Les menuiseries en mélèze et cornettes blanches pointues confèrent une certaine originalité à l’édifice. « Grâce aux panneaux solaires et à l’utilisation de matériaux de qualité, le bâtiment consomme dix fois moins de CO2 qu’un bâtiment ordinaire », affirme Patrick Bouchain.

Par ailleurs, Nature & Découvertes a obtenu de l’Établissement public du Château de Versailles la concession de l’exploitation de l’étang Gobert et de ses jardins. Ce bassin, classé Monument historique, a été construit sous le règne de Louis XIV pour alimenter le potager du roi. « L’étang était à l’abandon, faute de moyens et de projet concret », indique Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du Château de Versailles. Confié à Gilles Degroote, maraîcher bio, ce site de 3 000 mètres carrés est désormais une ferme exploitée en permaculture qui développe également formations et séminaires.

©DR