Sevran s’ouvre au sport et à la culture

Sevran s’ouvre au sport et à la culture

Marre d’être cataloguée pour ses problèmes de délinquance. À Sevran, la municipalité croit en sa jeunesse et souhaite le montrer à travers le projet «

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Marre d’être cataloguée pour ses problèmes de délinquance. À Sevran, la municipalité croit en sa jeunesse et souhaite le montrer à travers le projet « Sevran Terre d’Avenir ». La ville affiche ainsi ses nouvelles ambitions : devenir une destination mondiale du sport et de la culture.

Paris, c’est la tour Eiffel ; Versailles, le château des rois ; Sevran, les faits divers. Si les clichés ont souvent la vie dure, ils peuvent aussi détériorer sur le long terme l’image d’une ville et de ses habitants. C’est le cas de Sevran, commune de Seine-Saint-Denis habituée à apparaître dans les colonnes des journaux et à voir sa population montrée du doigt pour sa précarité. « Notre territoire a longtemps été meurtri par l’histoire. Sevran a eu du mal à se relever de la fermeture des industries » souligne Stéphane Gatignon, maire de Sevran. Depuis plusieurs années, la ville essaie pourtant d’inverser la tendance. Le premier changement a été amorcé en 2004 grâce au Programme national pour la rénovation urbaine. Si, dans certains quartiers en difficulté, comme Rougemont et Charcot, les travaux ont bien avancé selon le maire, le résultat final n’est pas à la hauteur de ses espérances : « La qualité n’a pas toujours été au rendez-vous en termes de réhabilitation. Pour le deuxième volet du programme, j’espère que les services de l’État exerceront un meilleur suivi », précise-t-il.

À 30 minutes de Marne-la-Vallée

Le salut de Sevran viendra-t-il de son désenclavement ? Deux gares de la ligne 16 du Grand Paris Express y sont attendues d’ici 2023. Elles pourraient permettre aux entreprises de s’implanter plus volontiers dans la ville et, plus globalement, de redynamiser une économie qui ne peut uniquement reposer sur un tissu commercial certes actif (entre 2010 et 2015, le nombre de commerces est passé de 159 à 254) mais ne répondant pas à tous les besoins. Ces gares pourraient également permettre aux habitants d’atteindre plus rapidement les pôles d’emploi du Bourget (en 15 minutes au lieu de 30 aujourd’hui) ou encore de Marne-la-Vallée (en 30 minutes au lieu d’une heure aujourd’hui).

À Sevran plus qu’ailleurs, le Grand Paris Express est une opportunité à ne pas laisser passer. « Depuis que les permis de démolir sont affichés, les habitants commencent à croire au changement ! Il est temps pour nous de montrer que les situations sont réversibles en France », avance Stéphane Gatignon. Il a d’ailleurs profité de l’arrivée de ce moyen de transport pour se doter d’un nouveau projet de ville en vue de poursuivre la « réparation » de son territoire.

À l’aide de l’architecte-urbaniste allemand Finn Geipel, le maire travaille à la concrétisation du projet « Sevran Terre d’avenir ». Premier domaine mis en avant : le sport. « De nombreux sportifs à la carrière internationale viennent de Sevran. Cette vitalité s’explique notamment par la jeunesse de la population : 25 % des habitants ont moins de 14 ans », déclare Damien Robert, directeur général de l’Établissement public d’aménagement (EPA) Plaine de France. Pour renforcer cette dimension, le projet comprendra, à l’est de la ville, tout un secteur dédié au sport.

Un lac artificiel

Ainsi, des équipements et des résidences hôtelières – dont la ville attend un rayonnement à l’international – devraient être construits autour d’un grand lac créé de toute pièce. « Un lac à Sevran, ce n’est pas si superficiel. Le canal de l’Ourcq traverse déjà le sud de la ville et les nappes souterraines sont nombreuses », explique Finn Geipel, qui est revenu sur les grands objectifs de son projet en octobre 2016 à Paris. L’architecte-urbaniste n’a cependant pas caché la difficulté de l’exercice : différents scénarios sont en cours d’étude pour résoudre les problématiques hydrauliques. Le déplacement d’un bassin de rétention ou encore la « découverture de la Morée » – opération qui consiste à libérer un cours d’eau enterré – sont envisagés.

L’eau devrait aussi être présente sur l’ensemble de la ville pour servir à l‘alimentation de tous les espaces naturels qu’elle compte : à l’est la forêt de Sevran et le golf de la Poudrerie, dans le centre-ville les parcs et, enfin, les parcelles d’agriculture urbaine que la ville entend développer à grande échelle.

La Joconde aux Beaudottes

Mais les aménagements ne pourront être mis en œuvre que sur la longue durée (selon l’EPA, le projet ne devrait pas voir le jour avant 2025). La ville a donc décidé d’importer un musée numérique pour familiariser les habitants au renouveau qui les attend. Sevran n’est pas assez dotée en équipements culturels. « Je me suis battu pendant un an pour voir s’implanter la Micro-Folie de La Villette. La rénovation urbaine doit aussi passer par le développement du lien social », indique Stéphane Gatignon. Grâce à cette Micro-Folie, les visiteurs peuvent se retrouver face à La Joconde et autres toiles exposées dans différents musées franciliens, mais en version virtuelle. Un fablab, des jeux pour enfants et un café complètent cet espace « aussi grand qu’une piscine de 25 mètres », d’après Didier Fusillier, président de l’Établissement public du Parc et de Grande Halle de la Villette. Prêté pour une durée de trois ans, la Micro-Folie a été inaugurée dans le quartier prioritaire des Beaudottes le 12 janvier 2017.

Plus qu’un projet urbain, « Sevran Terre d’avenir » se veut un projet d’ « empowerment ». Autrement dit, il entend contribuer à offrir plus de compétences, plus d’autonomie, plus de dynamisme à la population. Sport, mobilité, fabrication numérique… L’avenir pourrait donner un coup de pouce aux Sevranais et leur permettre de déconstruire les clichés.

 

Ci-dessus, le projet « Sevran Terre d’Avenir ». ©LIN architecture-urbanisme/DRIEA/GOBRY.