Rungis mise sur le fret ferroviaire

Rungis mise sur le fret ferroviaire©Didier Venom.

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L’approvisionnement agroalimentaire est un poste majeur d’émissions de gaz à effet de serre. Rungis a récemment décidé de s’attaquer au problème avec un plan 2021-2024. Pour réduire les émissions de GES, le marché va notamment se doter d’un nouveau terminal ferroviaire pour favoriser une logistique amont et aval propre.

Des mangues, des avocats, des bananes… Les Franciliens sont habitués à manger en toute saison des produits venus du bout du monde et ils ne sont pas à la veille d’y renoncer même si l’approvisionnement local a le vent en poupe. C’est à Rungis et à ses 600 grossistes – accompagnés de 600 autres entreprises de service – que la région doit cette opulence. Au total, qu’elles arrivent par bateau, par avion ou par camion, 2,8 millions de tonnes de produits convergent chaque année vers le nouveau « ventre de Paris » pour un chiffre d’affaires total de plus de 9 milliards d’euros. Un approvisionnement agroalimentaire qui a aussi un coût… en carbone.

La Semmaris, société gestionnaire du marché de Rungis, a décidé de réaliser le diagnostic de ces émissions de gaz à effet de serre pour rendre le marché plus vertueux. Une démarche à laquelle la loi ne la contraignait pas – la Semmaris étant une PME de moins de 500 salariés – mais qu’elle a choisi de réaliser, considérant qu’il devenait indispensable de se préoccuper de façon plus systématique d’une empreinte carbone évidemment considérable. Objectif fixé par Stéphane Layani, PDG de la société, à la suite de ce diagnostic réalisé en 2021 : diminuer les émissions de 30 % d’ici 2030.

Convaincre les grossistes de prendre un « engagement carbone »

Pour l’essentiel – 87 % du total –, les GES sont émis au moment de la fabrication des produits eux-mêmes : autant dire que, sur cette dimension du problème, la Semmaris a peu de prise. « Nous pouvons néanmoins avoir une action d’information et de sensibilisation des grossistes », souligne Pauline Jacquemard, directrice RSE et Innovation de la Semmaris. Dans cet objectif, la société a réalisé un référentiel de bonnes pratiques à leur intention qui a pour but de les convaincre de privilégier les produits les plus « propres » possibles. À terme, des critères carbone seront intégrés dans une charte d’engagement que devront signer les nouveaux entrants sur le marché.

Par ailleurs, le marché entend favoriser le déploiement d’une offre alimentaire de proximité : un nouveau carreau des producteurs de fruits et légumes pourrait ainsi être développé tandis que la commercialisation des produits biologiques, en phase avec les nouveaux goûts de la consommation, continue de se développer.

Le train plutôt que les camions

Deuxième source d’émissions de gaz à effet de serre, plus modeste – 9 % du total – mais davantage accessible à l’intervention de la Semmaris, le fret et la logistique. Pour éviter des dizaines de milliers de déplacements en camions, la Semmaris entend relancer le fret ferroviaire. Un projet qui en est à ses débuts : la Semmaris choisit en ce moment l’opérateur du terminal ferroviaire – dit « de transport combiné » – qu’elle entend créer. À terme, il permettra de porter à 20 % la part du ferroviaire dans les approvisionnements du Marché de Rungis et d’éviter près de 60 000 camions par an sur les routes. « 850 000 tonnes de produits agroalimentaires arriveront au marché par cette voie dans quelques années, précise Pauline Jacquemard. Les investissements nécessaires à cet équipement sont pour l’instant estimés à près de 40 millions d’euros. »

Autre sujet d’importance pour la Semmaris : la logistique aval, elle aussi source majeure de pollution. Pour favoriser le renouvellement des flottes de véhicules sur le marché – une évolution rendue d’ailleurs indispensable par la mise en place de la ZFE –, la Semmaris doit proposer des services nouveaux : bornes de recharge électrique – 230 bornes sont en cours d’installation –, développement de deux stations GNV – Gaz naturel pour véhicules –, expansion d’une station hydrogène vert actuellement utilisée par Engie.

C’est aussi sur les bâtiments que la Semmaris peut faire porter l’action : la rénovation des entrepôts et celle des « fluides frigo » sont des étapes indispensables. Les toitures pourraient aussi, dans l’avenir, se couvrir de panneaux photovoltaïques.

Un composteur industriel développé pour les déchets

Restent enfin les déchets, enjeu important pour le marché même si, là encore, ce sont les entreprises qui maîtrisent les quantités en cause. La Semmaris, elle, peut agir en incitant au recyclage et en proposant des solutions de valorisation. Une usine d’incinération alimente pour l’instant un réseau de chaleur qui a été rénové en 2021. Un composteur industriel, encore en test, devrait se développer et alimenter en compost la filière horticole.

Retrouvez l’intégralité de l’article, ainsi que l’ensemble du dossier, dans le 35ème numéro d’Objectif Grand Paris.

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