« Ville de province aux portes de Paris », Rueil-Malmaison souhaite maîtriser son développement urbain et ses « villages » pavillonnaires. Ce qui n’es
« Ville de province aux portes de Paris », Rueil-Malmaison souhaite maîtriser son développement urbain et ses « villages » pavillonnaires. Ce qui n’est pas aisé au vu des enjeux métropolitains et des appétits des promoteurs…
Par Claire Duroy
Rueil affiche volontiers son slogan : « Une ville de province aux portes de Paris ». Mais la perspective de la construction de deux gares du Grand Paris Express sur le territoire de la commune , tout autant que l’injonction du gouvernement de construire 70 000 logements par an en Île-de-France, risquent de menacer le charme très fleuri de la « ville de province » si personne n’y prend garde… Raison pour laquelle la municipalité affiche une volonté farouche qui pourrait bien, elle aussi, faire figure de slogan : « Garder la main sur les projets d’aménagement »…« Depuis une dizaine d’années, la ville construisait bon an mal an de 200 à 250 logements par an », indique Monique Bouteille, adjointe au maire chargée de l’urbanisme, de l’écoquartier et des transports. « Dans le cadre de la loi du Grand Paris, on a voulu nous imposer d’en bâtir 800 par an ! Ce chiffre, contesté par le député-maire Patrick Ollier, a finalement été ramené à 600, ce qui n’est cependant pas rien dans un contexte où notre population est opposée à toute idée de densification. »
Des Unités de secteurs de projet (USP) très encadrées
Pour préserver le tissu pavillonnaire d’un « mitage » incontrôlé, la ville a créé dans son PLU des Unités de secteurs de projet (USP). Ce dispositif lui permet de « requalifier l’existant en regroupant plusieurs parcelles sur lesquelles les règles du PLU se façonnent en fonction du projet : aménagements, équipements publics et opérations immobilières privées ». On comprend que la mutation de ces parcelles sera soigneusement encadrée par la mairie… Créées il y a une vingtaine d’années, ces USP se sont multipliées depuis peu et sont aujourd’hui au nombre de vingt-trois.
Il faut dire que l’imminence de la réalisation des gares du Grand Paris a exacerbé les convoitises. Depuis quelques mois, nombre de promoteurs sillonnent les villes autour de Paris, cherchant à obtenir des promesses de vente pour des pavillons et des petites résidences dans l’intention de lancer ensuite des programmes immobiliers. Au point que, pour contrer ces velléités d’achats intempestifs, Patrick Ollier s’est fendu d’un communiqué dans son journal municipal daté novembre 2015. Intitulé « Attention aux propositions d’acquisition de vos propriétés », ce texte constitue une véritable mise en garde à l’attention de ses administrés : « En dehors des périmètres des USP, nous nous opposerons par tous les moyens légaux à la construction de nouveaux projets qui ne correspondent pas à la vision urbanistique de la municipalité. » Les candidats (à la vente ou à l’achat) sont prévenus…
Une stratégie urbaine à large échelle
La ville de Rueil veut donc maîtriser son développement (durable). Et pas seulement à l’échelle de micro-quartiers voués à la mutation. « La stratégie mise en place par la ville permet de se donner les moyens de changer la ville, pas à la petite parcelle mais dans le cadre d’un grand projet, explique Monique Bouteille. Cela permet de définir ce que l’on veut faire et d’avoir un dialogue avec les promoteurs et les opérateurs, tout autant qu’avec l’État auquel on annonce nos projets. » Pour ce faire, la ville ne lésine pas sur les acquisitions (si besoin via l’établissement public foncier), voire sur les préemptions, toujours dans le cadre de ces USP.
Marine Linglart-Lime, directrice d’Urban Eco, un bureau d’études qui a travaillé sur l’écoquartier de l’Arsenal, en témoigne elle aussi : « La ville porte une vision à une échelle plus large que le simple périmètre d’un projet donné. Il ne s’agit pas seulement de reconstituer un bout du territoire, mais de faire en sorte que cette transformation recompose l’ensemble des villages alentours. »
Car à Rueil, les quartiers sont appelée des villages, chacun a sa spécificité, son identité. « La ville porte la volonté de construire un vrai projet urbain, pas seulement d’attribuer des lots à des promoteurs, poursuit l’écologue. Elle s’applique à recoudre, relier et envisage les choses à grande échelle et à long terme. »
Rueil s’est engagée depuis longtemps dans une politique de développement durable, qui ne se résume pas à l’obtention du label 4 fleurs des Villes et Villages fleuris ni par l’installation de panneaux photovoltaïques ou de toitures végétalisées ; elle se traduit surtout dans la volonté de mixer et de fluidifier les différentes fonctions urbaines (bureaux/logements/commerces/transports), comme c’est tout particulièrement le cas dans le secteur de Rueil-sur-Seine (ex-quartier d’affaires Rueil 2000) ou de l’écoquartier de l’Arsenal, à l’étude (voir pages suivantes)… Retrouvez le reste de l’article dans le numéro 13 d’Objectif Nouveau Grand Paris.
Ci-dessus : l’écoquartier de l’Arsenal, né de l’opportunité de la libération de vastes emprises et de l’implantation prochaine d’une gare du Grand Paris Express. Crédit : Rueil-Malmaison.