Rosny-sous-Bois :  »Pour en finir avec la cité dortoir »

Rosny-sous-Bois :  »Pour en finir avec la cité dortoir »

Trois stations de la ligne 11 du métro s’implanteront à Rosny-sous-Bois en 2022, l’occasion pour la ville de repenser l’aménagement de sa partie nord.

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Trois stations de la ligne 11 du métro s’implanteront à Rosny-sous-Bois en 2022, l’occasion pour la ville de repenser l’aménagement de sa partie nord. Construction de logements, création d’emplois, accueil de nouveaux habitants,… la ville se prépare à l’un des plus grands chantiers de son histoire. Rencontre avec Claude Capillon, maire de Rosny-sous-Bois.

D’ici 2022, Rosny-sous-Bois sera reliée à Paris par la ligne 11 du métro. Qu’attendez-vous de ce rapprochement ?

Mes prédécesseurs se sont battus pendant 15 ans pour le prolongement du métro se réalise enfin. La ville accueillera trois stations, dont l’architecture rappellera le métropolitain parisien, et un viaduc, dont les poutrelles seront dans l’esprit de la tour Eiffel. Nous travaillons actuellement sur l’aménagement de toute la partie nord de la ville pour créer des quartiers vivants qui abriteront 1 200 nouveaux logements et de l’activité. La mixité sera l’un des maîtres mots de cette revitalisation. Nous construirons du logement social mais également du logement intermédiaire et en accession afin de favoriser la mixité sociale ; la ville remplissant déjà ses objectifs vis-à-vis de la loi SRU.

Doit-on s’attendre à la revanche de l’Est parisien en terme d’attractivité économique et d’accueil de la classe moyenne ?

Il y a encore une dizaine d’années, la majorité des Franciliens travaillait dans les départements de l’Ouest et à Paris. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises s’installent à l’Est. Le siège de Veolia s’implantera prochainement à Aubervilliers, Val de Fontenay accueillera les bureaux de la Société générale et de BNP Paribas, et Rosny-sous-Bois verra l’arrivée du site de maintenance et de remisage de la ligne 11. Même si la ville est plus portée sur le développement commercial, nous avons l’ambition d’attirer des activités tertiaires, notamment près des stations de métro. La commune n’a pas attendu l’arrivée de la ligne 11 pour être attractive. Depuis quelques années, de jeunes couples avec enfants viennent de Montreuil, Vincennes et Paris car le foncier est abordable et la ville dynamique. L’Est parisien n’a plus rien d’une cité dortoir et il y fait bon vivre.

La ville connaîtra de longues périodes de chantier. Les Rosnéens y sont-ils prêts ?

Il n’est pas facile de faire accepter aux habitants à la fois la transformation de leur ville et l’arrivée de 5 000 habitants supplémentaires générée par le métro. En France, les recours sont devenus un sport national. Les associations de riverains ont un pouvoir important et sont prêtes à désapprouver tout et n’importe quel projet de construction. Les maires attendaient beaucoup de la loi Duflot pour limiter les recours mais cela n’a rien changé. La ville compte 1 500 habitants en attente d’un logement social, le délai étant en moyenne de trois ans, alors qu’il faut quatre ans pour réaliser un projet immobilier de 50 logements ! Je comprends l’usage des recours lorsque le PLU n’est pas respecté. Lorsqu’ils sont abusifs ils devraient être sévèrement sanctionnés.

Depuis 12 ans, une politique de la ville est mise en œuvre à Rosny-sous-Bois. Que reste-t-il des quartiers difficiles?

La ville ne possède plus de quartiers prioritaires mais les actions de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine se poursuivent. Nous sommes par ailleurs en train d’élaborer notre contrat de ville 2015-2020 qui portera sur trois secteurs de la ville. Le taux de délinquance a fortement baissé dans la commune depuis les années 1990. Nous avons créé des partenariats, notamment avec l’Éducation nationale, les bailleurs sociaux et les copropriétaires, pour affronter ensemble les problèmes de délinquance. À la suite de ces échanges, j’ai initié, en 2011, un dispositif pour venir en aide aux collégiens exclus des cours. Une structure les prend en charge pour les aider à poursuivre leurs études et limiter le décrochage scolaire. Cette méthode est un succès et a été généralisée par le Conseil général de Seine-Saint-Denis. Les habitants ne devraient pas rester en zone urbaine sensible toute leur vie, il faut donner la chance à chacun de pouvoir s’en sortir.

Vous faites figure de maire bâtisseur. Rosny-sous-Bois a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

En se basant sur la péréquation, nous sommes considérés comme une ville riche. Nous donnons 1,6 million d’euros aux communes moins favorisées, somme qui passera à 2 millions l’an prochain. Je ne suis pas contre ce système mais, en échange, nous sommes moins subventionnés. Nous devons créer notre propre richesse à partir de la Contribution économique territoriale (CET) payée par les entreprises implantées dans la commune. Il faut continuer à aider financièrement les agglomérations en difficulté mais il serait bon de mieux valoriser l’effort que fait une ville comme Rosny-sous-Bois. Il est normal que nous sachions comment cet argent est utilisé dans les communes aidées afin d’évaluer la volonté qu’elles ont de créer leurs propres richesses.

En tant que vice-président de Paris Métropole, êtes-vous optimiste concernant la création du Grand Paris ?

Être vice-président de Paris Métropole me permet de participer à toutes les réunions, de comprendre et d’anticiper l’avenir de notre territoire. J’ai toujours été un fervent défenseur de la Métropole, Paris doit peser à l’échelle mondiale mais cela suppose une vraie réforme territoriale. Or, plus le temps passe et plus la mise en place de la Métropole est complexe. Actuellement, nous avons du mal à suivre la volonté du gouvernement. Les départements de petite couronne devaient disparaître, mais le Premier Ministre ne l’évoque plus. Quant à la répartition des compétences, elle reste floue ! Ces revirements sont difficiles à accepter pour les maires qui ne se sentent pas respecté car tous ont beaucoup travaillé sur l’amendement de l’article 12. Finalement, la loi à venir n’aura rien à voir avec les objectifs prévus par le gouvernement et n’en est pas pour autant satisfaisante pour les élus locaux. À six mois de la création de la Métropole, c’est inquiétant…