Revitaliser les quartiers en passant par les « pieds d’immeuble » : l’expertise parisienne

Revitaliser les quartiers en passant par les « pieds d’immeuble » : l’expertise parisienne

La Semaest, société d’économie mixte de la Ville de Paris, est spécialisée dans la commercialisation de locaux privés à destination de porteur

Au chevet de commerces fragilisés
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La Semaest, société d’économie mixte de la Ville de Paris, est spécialisée dans la commercialisation de locaux privés à destination de porteurs de projets commerciaux, tandis que le GIE Paris Commerces remplit une mission comparable en gérant des locaux dans le parc social. Dans les deux cas, l’objectif est de soutenir un commerce de proximité durable dans la Capitale ou à proximité immédiate.

Ce n’est pas parce que Paris jouit d’une densité commerciale hors du commun que les commerçants n’y ont pas besoin d’aide et que tout s’y fait tout seul… C’est le constat fait depuis plusieurs années par la Semaest, une société d’économie mixte à laquelle la Ville de Paris a confié, dès 2004, la mission de faciliter l’implantation des commerçants tout en revitalisant les quartiers.

Car le paysage commercial était – et est toujours, malgré l’action menée – hétérogène à Paris : alors que certaines rues, très vivantes, affichent un grand nombre de commerces dans tous les secteurs d’activités, d’autres sont désertées et dévalorisées. D’autres encore accueillent essentiellement des grossistes, un type de commerce qui, en fait, n’offre pas de services de proximité aux habitants. Ailleurs, ce sont les prix au mètre carré qui rendent les locaux inaccessibles aux petits commerçants indépendants.

C’est sur l’ensemble des difficultés rencontrées par le commerce parisien – mono-activité, vacance commerciale, fragilisation du secteur culturel… – qu’intervient la Semaest au moyen d’une palette d’actions diversifiées. Dotée de la capacité de préempter les locaux qu’elle estime capables de rééquilibrer un quartier fragilisé, la société d’économie mixte acquiert ou loue des espaces qu’elle met ensuite à disposition de porteurs de projet eux-mêmes sélectionnés et accompagnés.

L’intervention est adaptée à chaque dossier : le loyer du local, toujours inférieur au prix du marché, peut être évolutif. Très faible durant les premiers mois, il augmente ensuite dès lors que, les affaires se développant, le commerçant est en mesure de le payer. La Semaest, soucieuse de voir les commerçants s’implanter durablement, peut également les accompagner dans d’autres registres, qu’il s’agisse de questions juridiques, numériques ou financières.

Coaching numérique

Le numérique, c’est en particulier la mission du programme Connected Stores, dit CoSto, créé en 2015 : d’ores et déjà, plus de 350 commerçants ont été formés par ce biais. Chacun peut y apprendre à choisir les réseaux sociaux les mieux adaptés à son activité, la meilleure manière d’y créer ses contenus, de s’y valoriser, de susciter avis et témoignages, et d’organiser des « évènements » commerciaux susceptibles de développer le trafic et l’activité. Cet été, un nouveau service de coaching a même été mis en place : sous la houlette d’un étudiant spécialiste du sujet, les commerçants peuvent se former durant trois mois de façon très personnalisée. Développer le click and collect, renforcer sa visibilité face à la concurrence de la grande distribution, faire connaître ses créations sur les réseaux sociaux pour développer notoriété et clientèle : autant de nécessités dont on parle partout mais qu’il n’est pas si simple de mettre en œuvre pour un petit commerce indépendant…

Plus de 650 boutiques sont actuellement gérées par la Semaest, majoritairement à Paris.

L’ambition de cet expert très pointu et original dans son action qu’est devenue cette société d’économie mixte ne s’arrête pas là : il s’agit aussi, en matière de projet, de faire des choix afin de peser sur le paysage commercial de la Capitale. « Le commerce de proximité a un impact économique, bien sûr, mais aussi social et culturel », souligne Colombe Brossel, présidente de la Semaest. « Nous mettons ainsi l’accent sur le secteur culturel, dans le centre de Paris et nous intervenons pour enrayer la baisse du nombre des librairies dans le Quartier latin. »

D’une manière générale, la Semaest favorise autant que possible l’installation de boutiques de produits équitables, bio, en circuit court, ou encore les initiatives collaboratives, afin de faciliter l’innovation commerciale et de consolider des modèles encore fragiles. Les exemples fourmillent : ici, un jeune homme se lance dans la rénovation de meubles usagés ; là, des artisans offrent un service rapide en se déplaçant à vélo dans la ville ; ailleurs encore, de jeunes professionnels s’essaient à la commercialisation de leurs produits dans l’un ou l’autre des deux « magasins testeurs » qu’a ouverts la Semaest. L’idée, dans tous les cas, est d’aider à la pérennisation de modèles qui correspondent à des goûts et des pratiques nouvelles, même si « nous ne négligeons pas non plus le primeur classique ou l’opticien, très utiles à leur quartier ! » précise la SEM.

Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 33ème numéro d’Objectif Grand Paris.