Peu présente dans les discours des politiques, la question du paysage émerge à la marge. Des messages importants mais difficiles à faire passer, comme
Peu présente dans les discours des politiques, la question du paysage émerge à la marge. Des messages importants mais difficiles à faire passer, comme l’explique le paysagiste Michel Audouy, secrétaire général de la Fédération française du paysage.
Ce que les paysagistes attendent des primaires, et plus largement des élections ? D’abord et surtout d’aborder la question du paysage, rarement traitée au niveau national, estime Michel Audouy, paysagiste DPLG et secrétaire général de la Fédération française du paysage. Une absence étonnante, car l’aménagement du territoire intéresse pourtant les politiques… au niveau local. « C’est un paradoxe, explique Michel Audouy, car à l’échelle des collectivités, beaucoup de choses se font. De nombreuses métropoles, à l’image de Bordeaux, Lyon ou encore de Lille, sont même très dynamiques sur ce sujet. Par contre, dès lors que l’on change de niveau et que l’on quitte l’échelle des territoires, le paysage disparaît alors qu’il s’agit d’un enjeu national. »
Qu’il soit question de désertification des campagnes ou de précarisation des villes, cette notion surgit mais peine à trouver sa place dans les discours des politiques. En raison de sa transversalité, elle reste en effet difficile à manier pour ceux-ci, qui lui préfèrent donc les thématiques de l’identité ou de l’environnement,… deux sujets finalement pas si éloignés des préoccupations des paysagistes. Selon Michel Audouy, « le paysage est en effet révélateur de nos échecs, notamment celui des périphéries urbaines ; la France moche, comme on la surnomme souvent, c’est le symptôme de tout ce qui va pas dans notre pays, tant au niveau écologique qu’économique ». Faute de se voir véritablement associée aux grandes échéances électorales, la profession privilégie donc les combats de fond à l’image de la reconnaissance du titre de paysagiste-concepteur, qui se verra bientôt encadré par la loi pour la reconquête de la biodiversité.
Accéder à une vision plus globale
« Cela ne nous empêchera pas d’envoyer des courriers aux différents candidats pour leur expliquer certaines grandes problématiques, mais sans grandes attentes, avance Michel Audouy. Nous misons plutôt sur les actions de longue durée, en espérant que le débat autour d’un projet de territoire finisse par dépasser l’échelle du local pour accéder à une vision plus globale. À ce titre, les questionnements autour du Grand Paris sont très intéressants et sont une bonne opportunité pour gagner en visibilité ; nous travaillons d’ailleurs en ce moment à une déclaration qui prendra la forme d’un petit manifeste. » Quant à la candidature d’Alain Juppé, maire-bâtisseur de Bordeaux sensibilisé à l’approche paysagère, elle éveille chez le paysagiste un intérêt… prudent : « Sera-t-il aussi sensible à ces problématiques s’il devient président ? Le premier ministre Manuel Valls, lors d’une inauguration à l’Institut du monde arabe, a fait un discours exceptionnel sur le jardin comme lieu de mélange des cultures, mais peu de ces bonnes intentions se retrouvent ensuite dans des real politiques. » Reste un regard, ouvert et large, sur le monde. « Au final, il faudrait qu’un paysagiste soit élu président de la République », conclut Michel Audouy. Il ne reste plus qu’à attendre le bon candidat…