Patrick Ollier à la rencontre d’Est Ensemble

Patrick Ollier à la rencontre d’Est Ensemble

Il en a vu du pays, Patrick Ollier ! On était bien loin de la banlieue Ouest, de ses « villages » verdoyants et de son « attractivité résidentielle »,

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Il en a vu du pays, Patrick Ollier ! On était bien loin de la banlieue Ouest, de ses « villages » verdoyants et de son « attractivité résidentielle », le 24 juin dernier, lors de la visite organisée par les élus d’Est Ensemble pour le président de la Métropole, le long du Canal de l’Ourcq, au nord-est de Paris. Ici, c’est le nord-est de la capitale, ses quartiers en « politique de la ville » (19 sur Est Ensemble !), ses friches industrielles le long d’un canal longtemps industriel, ses autoroutes qui strient le territoire… Et ses élus socialistes.

Objectif des maires d’Est Ensemble : montrer leur « pays », justement, au président de la Métropole, lui présenter leurs projets, nombreux et ambitieux, se faire mieux comprendre aussi, et aider leur territoire à prendre toute sa place dans la métropole.

Neuf communes réunies au sein d’Est Ensemble, de Pantin à Bondy et de Bobigny à Montreuil, y constituent un territoire qui a ceci de particulier qu’il hérite d’une longue tradition d’intercommunalité, acquise bien avant les récentes lois NOTRe et Maptam. Le président de la Métropole a d’ailleurs bien volontiers pris acte de cette antériorité de l’entente et de la coopération, affirmant même que la nouvelle entité qu’il préside avait « beaucoup à apprendre » de cette intercommunalité expérimentée.

De la visite aussi, il y avait beaucoup à apprendre. Car c’est sur ce territoire souvent délabré, traversé par des autoroutes qui sont autant de balafres bruyantes, mité par les friches industrielles et parsemé de quartiers malaimés que les projets urbains sont les plus vigoureux et les plus novateurs.

6 000 logements d’ici 2030

Quantitativement, c’est impressionnant : six ZACs se succèdent le long du canal, sur un territoire qui, c’est le revers positif des friches industrielles, dispose de vastes réserves foncières. Pour se réaliser au plus vite, et pour faciliter la coordination entre les projets, les Zacs devraient d’ici peu faire l’objet d’un Contrat d’Intérêt national (CIN) d’ailleurs souhaité par le président de Est Ensemble. A l’horizon 2030, ce sont près de 6000 logements qui doivent s’édifier, des bureaux, par centaines de milliers de mètres carrés, des commerces, des équipements de proximité –crèches, écoles, centres de loisirs, terrains de sport, etc-, et des espaces verts et publics autour du réaménagement des berges. Un renouveau urbain, économique et social qui devrait être largement dynamisé par l’arrivée de deux gares du Grand Paris Express en 2025.

Qualitativement, c’est encore mieux. Inutile de préciser, bien sûr, que les nouvelles constructions se veulent mixtes, durables, intelligentes… Elles prennent place sur un territoire déjà marqué par la culture et les industries créatives : sur l’ensemble des communes d’Est Ensemble, artisanat d’art, cinéma et festivals constituent déjà un secteur d’activité florissant qui remplace partiellement l’industrie d’autrefois, aux côtés de tout un univers de PME.

Les nouveaux quartiers en cours de construction ont un autre atout majeur : le canal. Le long de ces eaux calmes longtemps inaccessibles à cause des entrepôts et des sites industriels, des berges vouées au sport et à la détente devraient offrir aux habitants comme aux salariés des entreprises un cadre de vie à peu près unique. Un peu partout, on veut « retourner les villes sur le canal », souligne Gérard Cosme, président (PS) d’Est Ensemble et maire du Pré-Saint-Gervais.

Les élus comptent sur « Inventons la métropole »

« Une formidable mutation », affirme Sylvine Thomassin, maire (PS) de Bondy, qu’il s’agit d’orchestrer au plus vite. C’est justement pour accélérer les chantiers que les maires ont vigoureusement insisté auprès du président Ollier sur leur candidature à l’appel à projet « Inventons la métropole ». Pour Est Ensemble, il s’agit de bénéficier de l’effet d’entraînement du concours et de donner plus de visibilité à des projets qui, bien dans l’esprit de la métropole, unissent déjà villes et Etablissement public territorial.

Les projets de la plaine de l’Ourcq seront-ils distingués par l’appel à projets ? Le président Ollier s’est bien gardé d’apporter une réponse à cette question. Mais, visiblement passionné par la visite et soucieux de manifester son écoute aux maires des villes traversées, le président de la Métropole a insisté sur sa volonté de « s’appuyer sur les expériences acquises pour faire avancer les autres » en se déclarant « impressionné » par les réalisations déjà menées à bien.

Et si la Métropole, à qui l’on reproche déjà à tort et à travers de ne pas aller assez vite ou de ne pas en faire assez, servait déjà à ça : aider à la rencontre d’un Est et d’un Ouest parisiens que l’histoire et la politique ont longtemps éloignés ?

Ci-dessus, Patrick Ollier (à gauche), président de la métropole du Grand Paris, et Gérard Cosme (à droite), président d’Est Ensemble et maire du Pré-Saint-Gervais, sur la Zac du Port à Pantin.