« Optimiser au quotidien pour faire face aux aléas de chantiers très complexes »

« Optimiser au quotidien pour faire face aux aléas de chantiers très complexes »

Entretien avec Thierry Dallard, Président du Directoire de la Société du Grand Paris Thierry Dallard, président du Directoire de la Société du Gran

Faire évoluer la ville en conciliant ambition et protection
« Il faut recréer du désir pour la ville… »
« Les grands travaux sont une opportunité de développer une construction plus propre »

Entretien avec Thierry Dallard, Président du Directoire de la Société du Grand Paris

Thierry Dallard, président du Directoire de la Société du Grand Paris, mène à bien les missions qui lui ont été assignées il y a un an lors de sa prise de poste : optimiser les chantiers pour réduire des coûts qui ont déjà fait l’objet d’un fort « recalage» – le budget total est actuellement de 35 milliards d’euros – et, dans le même temps, renforcer les équipes de la SGP – 400 recrutements sur deux ans. Ces chantiers très complexes mais en plein essor attirent des entreprises de toute l’Europe. En ligne de mire, si tout va bien, les JO de 2024, puis des mises en service qui s’échelonneront de 2025 à 2030.  

Un calendrier de réalisation du Grand Paris Express a été rendu public en 2018, il y a environ un an. Est-il toujours d’actualité ou bien des ajustements sont-ils d’ores et déjà prévus ?

La feuille de route, c’est-à-dire la liste des objectifs de mise en service des différentes lignes, fixée par le gouvernement, reste bien entendu d’actualité avec deux ajustements. Nous avons rencontré des difficultés sur les gares profondes de la ligne 15 sud : les murs de certaines d’entre elles sont construits à 70 mètres sous la surface ! À ce niveau-là, il est très difficile de prévoir à l’avance ce que l’on va trouver… Sur la gare de Saint-Maur, par exemple, un risque de stabilité est apparu sur le remblai de la ligne du RER A. Cela nous a conduits à modifier le mode de construction adopté pour ne prendre aucun risque. Au bout du compte, les travaux de la ligne 15 sud devaient être terminés fin 2024, l’objectif aujourd’hui est plutôt mi-2025. Pour la deuxième partie de la ligne 16, on avait annoncé décembre 2024, ce sera début 2025. Souvenons-nous des premières lignes de métro : elles passaient à 10 mètres sous la surface du sol. On est ensuite passés à moins 20 ou 30 mètres. On en est aujourd’hui par certains endroits à moins 50 mètres de profondeur ! Ce sont des chantiers très complexes… Lorsque le tunnelier creuse, il peut par exemple tomber sur des pieux, installés il y a très longtemps pour stabiliser une construction. Or, ces pieux ne sont pas répertoriés et les carottages ne permettent pas toujours de les détecter. On en a trouvé à Boulogne. En fait, il faut s’attendre à ajuster en permanence nos méthodes et modes de construction ainsi que les calendriers, par voie de conséquence.

Une mise en service anticipée de la ligne 18 a été annoncée sur le plateau de Saclay. Comment a-t-elle été rendue possible ?

Il y a deux dates pour la ligne 18. Il est prévu qu’elle arrive en 2030 à Versailles, et on prévoyait 2027 sur le plateau entre Orly et Saclay. Une première tranche, entre Massy et Saclay, devrait être réalisée en 2026, en effet, pour répondre aussi tôt que possible aux besoins de toutes les écoles et entreprises qui s’installent sur ce site. Elle est rendue possible grâce à un ordonnancement des tunneliers retenu par la SGP, permettant une telle mise en service partielle sans attendre l’achèvement de la section Orly-Massy.

Autre grande date, les JO de 2024. Le métro sera-t-il prêt ?

Attention, on ne fait pas le Grand Paris Express pour 2024 mais pour soutenir le développement de la région sur plus d’un siècle ! Bien sûr, il y a des objectifs spécifiques pour les JO, et nous mobilisons nos équipes et ceux des entreprises pour les tenir, mais ces calendriers sont extraordinairement tendus. On n’a pas de marge de manœuvre : si un aléa trop complexe venait à se présenter, la date pourrait être remise en cause.

Les élus du Conseil de surveillance ont demandé un audit sur le fonctionnement de la SGP et sur les travaux. Quand cet audit rendra-t-il ses conclusions ?

L’audit est en effet très utile et je l’ai moi-même demandé. Il est réalisé par Price Waterhouse et porte sur les risques, les méthodes mises en œuvre, les estimations financières, les provisions prévues… Le rapport doit être très complet. Les conclusions seront rendues en juillet 2019. Après, il faudra faire vivre cet audit. Il nous permettra d’établir un calendrier bien plus fin que de simples dates de fin de chantier, avec des jalons précis.

Retrouvez la suite de l’interview dans le dernier numéro d’Objectif Grand Paris

© Société du Grand Paris / Gérard Rollando

 

 

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