Hautement symbolique – 160 mètres, précisément –, le nouveau Palais de justice s’apprête à sortir de terre, lumineux édifice en verre au bord du périp
Hautement symbolique – 160 mètres, précisément –, le nouveau Palais de justice s’apprête à sortir de terre, lumineux édifice en verre au bord du périphérique nord. Éclaircissements avec Bernard Plattner, architecte associé à l’agence Renzo Piano Building Workshop.
Par sa forme, le Palais de justice se démarque des tours traditionnelles, pourquoi ?
D’abord parce ce qu’il s’agit d’un Palais de justice, objet urbain très spécifique en soi, porteur d’un message autre que celui d’une tour de bureaux à La Défense. Nous souhaitions donc trouver une silhouette, celle d’un donjon moderne, qui réponde à cette fonctionnalité particulière, rendre la justice. Plusieurs entités fonctionnelles peuvent donc s’y lire, superposées : le socle du bâtiment, réservé aux audiences, avec 90 salles climatisées, se distingue ainsi des bureaux, posés au-dessus, pour une construction qui culmine à 160 mètres. L’idée de transparence comptait aussi beaucoup pour nous, l’édifice se caractérisant par ses larges verrières et ses vues sur la Capitale. Cela ne l’empêche pas d’être écologique, de par ses matériaux, des façades vitrées de très haute performance, et par sa situation, façade vitrée la plus étroite au sud pour limiter les besoins en climatisation en été par exemple. Au final, c’est donc un bâtiment de grande hauteur qui répond aux ambitions du Plan climat de Paris et au chiffre magique des 50kWwh/m2/an.
En quoi cette tour, présentée comme un trait d’union entre la Capitale et sa périphérie, s’érige-t-elle en symbole du Grand Paris ?
Ce bâtiment est symbolique d’abord en raison de la décision d’implanter cet équipement en bordure de la vieille capitale : c’est un geste politique fort de développement. La longueur et l’orientation du Palais de justice l’insèrent donc dans le prolongement de la diagonale du jardin Martin Luther King. Telle une lame fine, l’édifice regarde vers le centre de Paris, avec une vue vers Montmartre, l’autre vers la tour Eiffel. On parle souvent d’insérer les tours dans le tissu urbain mais, pour le moment, il n’y a ici aucune urbanité, d’où la nécessité de créer au pied du bâtiment un vrai parvis, dans l’attente de ces grandes transformations urbaines.
Peut-on parler d’une tour typiquement parisienne ?
Selon moi, il était fondamental d’insérer ce bâtiment dans un contexte urbain : lorsque vous regardez Paris depuis la tour Eiffel par exemple, le fond de la ville est relativement clair, on a presque l’impression que la Capitale est blanche. Vues de loin, les structures des panneaux de façade se fondent donc très bien dans l’horizon francilien, ils s’adaptent à la luminosité de la ville : la vision d’un bâtiment dans un tissu urbain à grande distance, dans cette grande masse de couleur urbaine, est tout aussi importante, autant que le micro-tissu dans lequel il se positionne.
Crédits photo : Renzo Piano.