Nanterre la ville-mosaïque contre-attaque

Nanterre la ville-mosaïque contre-attaque

Avec Les Groues ou la Boulle, de nouveaux quartiers s’installent près de La Défense, côté Nanterre. Ils illustrent le mode de développement de la vill

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Avec Les Groues ou la Boulle, de nouveaux quartiers s’installent près de La Défense, côté Nanterre. Ils illustrent le mode de développement de la ville : concilier entreprise, innovation et logement, « en incluant tout le monde ». Nanterre, ou la vision d’une métropole ouverte. 

Vous pensez connaître Nanterre ? En chiffres, évidemment, ce n’est pas si compliqué : 91 114 habitants dans la sixième ville d’Ile-de-France, 77 tours d’habitation de grande hauteur, 1 000 logements construits chaque année, 31 000 étudiants, 94 000 emplois… Dans la réalité, celle que l’on vit tous les jours à l’ombre des tours, tout est plus difficile. Car Nanterre multiplie les contradictions comme à plaisir.

On y est riche, bien sûr, grâce aux ressources provenant des sièges sociaux de La Défense et de multiples autres entreprises sur les sites d’activité de Nanterre. Mais on y est très désargenté aussi, avec près du quart de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. D’un quartier à l’autre, on y voit des cités d’hébergement d’urgence délabrées et des friches industrielles, tandis que les projets les plus novateurs et les plus originaux s’y déploient, des Jardins de l’Arche à l’habitat participatif des nouvelles constructions. À Nanterre, le chômage est supérieur à la moyenne nationale, alors même que la ville offre deux emplois pour un actif. L’Éducation nationale peine à y faire réussir tous ses enfants, alors que la commune accueille l’une des plus grandes universités de France et de nombreux établissements d’enseignement supérieur. Etc., etc.

On pourrait égrainer les contradictions longtemps encore. La ville, elle, a choisi de les affronter pour créer son propre projet et imaginer sa voie. Originale, volontariste, radicale même, sur la base d’un maître-mot, véritable leitmotiv dans la bouche de son maire Patrick Jarry : la solidarité.

Construire pour une population en croissance

Une solidarité qui s’exprime d’abord à travers la politique du logement. Loin de l‘entre-soi des communes qui préfèrent ne pas trop construire pour éviter d’accueillir des populations nouvelles, a fortiori s’il doit s’agir de logement social, Nanterre étoffe vigoureusement et massivement son habitat. Chaque année, quelque 1 000 logements sortent de terre pour reloger les habitants qui ne peuvent rester dans les cités les plus dégradées et pour loger les nouveaux venus d’une population en croissance.

Ici, pourtant, le quantitatif ne saurait suffire. « Le développement doit inclure tout le monde », explique Patrick Jarry. D’où une répartition fine entre un logement social qui représente déjà 54 % de l’habitat et des logements destinés à rejoindre le marché privé. La mixité, sociale autant que fonctionnelle, n’est pas un slogan que l’on affiche parce qu’il est à la mode mais bien un impératif catégorique.

Dans les quartiers les plus novateurs, comme les Groues, ce onzième quartier qui sera situé au pied de la Grande Arche de La Défense, « on ne veut pas rajouter les tours aux tours. Ce n’est pas l’avenir de La Défense et encore moins le nôtre ! Pour autant, il ne s’agit absolument pas de refuser le développement économique », assure Geneviève Bernanos, directrice de l’Aménagement et du Développement, « mais de trouver un équilibre entre les entreprises existantes, un artisanat et des PME qu’il ne s’agit pas de mettre dehors, le bureau et le logement ».

Un équilibre délicat à trouver, sur les 70 hectares de ce quartier en pleine mutation, censés accueillir tout à la fois un tertiaire jumeau de celui de La Défense, des PME et des populations venues des quartiers les plus abîmés de la ville. « On relogera là 500 familles, insiste le maire. À cette seule condition, les Groues seront un pôle de développement et un grand ensemble constitué de 1 400 logements sociaux. »C’est ainsi que Nanterre trace sa route…

Le vivre-ensemble, un choix qui n’a rien de facultatif

Autre expression de la voie de développement imaginée dans la commune de Patrick Jarry : faciliter les mobilités entre les quartiers, améliorer le cadre de vie et les services pour favoriser le vivre-ensemble.

Cela passe d’abord par le soutien aux associations : elles sont… 900 dans la ville, un chiffre record, et les manifestations de tous ordres s’y succèdent. En termes de cadre de vie, la ville échaudée par l’habitat que l’histoire lui a légué – cités d’hébergement d’urgence, barres multiples des années 70, tours désormais très dégradées – tente aujourd’hui de miser sur un « urbanisme apaisé ».

Ceux qui, dans quelques années, descendront les Jardins de l’Arche, entre Arena et préfecture, n’y reconnaîtront pas leur Nanterre de la fin du XXe siècle : jardins et espaces piétonniers s’y succéderont, tant il est désormais acquis que l’attractivité d’un quartier et sa performance passent bien par des espaces publics autrefois laissés pour compte.

Les quartiers neufs ne sont pas seuls concernés : dans la ville toute entière, la prospérité des comptes municipaux permet d’offrir des services qui bénéficient à tous, depuis le Nanterre plage de l‘été jusqu’à des évènements culturels multiples qui tirent profit d’équipements aussi prestigieux que le Théâtre des Amandiers. Reste ensuite le développement économique.