Fin de la disruption, victoire de la stabilité : en Île-de-France, les élections municipales, ont apporté peu de surprises et le paysage métropolitain
Fin de la disruption, victoire de la stabilité : en Île-de-France, les élections municipales, ont apporté peu de surprises et le paysage métropolitain est également peu bouleversé. A la présidence de la Métropole, deux candidats sont déclarés : Patrick Ollier, réélu à Rueil-Malmaison, et Vincent Jeanbrun, maire de l’Haÿ-les-Roses.
On prend -presque- les mêmes et on recommence ? A première vue, c’est un peu ce que l’on peut se dire face au paysage municipal francilien tel qu’il est sorti des urnes dimanche dernier.
Encore une fois, en Île-de-France comme ailleurs, l’élection municipale a davantage montré sa capacité à assurer la stabilité de la gouvernance locale qu’à encourager la disruption -mot d’ailleurs passé de mode…-. Dans la Métropole du Grand Paris, 63 maires sortants -sur 131 communes- avaient du reste été réélus dès le premier tour.
A Paris même, au soir du deuxième tour, la victoire de la maire sortante est éclatante : c’est elle, semble-t-il, plus que David Belliard, candidat EELV, qui a bénéficié de la vague verte et qui a vu ainsi confortées des positions -développement des pistes cyclables, piétonisation des berges, végétalisation de la ville, etc.- pourtant largement controversées il y a quelques mois.
Le “communisme municipal” encore affaibli
“Le cru électoral 2020 a aussi confirmé un nouvel affaiblissement du communisme municipal dans la région”, observe Pierre Mansart, délégué général du think tank La ville en commun. En 2014, c’était le Blanc-Mesnil, communiste depuis la Libération, Saint-Ouen et Bobigny, ville-préfecture, qui avaient viré de bord pour passer à droite. Cette fois-ci, c’est Saint-Denis, ville de 115 000 habitants, qui est remportée par le socialiste qui la convoitait déjà aux précédentes élections, Mathieu Hanothin, avec près de 60% des suffrages. Une autre place forte du PCF, Aubervilliers, est ravie par l’UDI Karine Franchet, tandis que Champigny-sur Marne, ancien fief de Georges Marchais, est désormais dirigée par Laurent Jeanne, candidat de Libres !, le parti de Valérie Pécresse. Ce mouvement d’effritement, constaté depuis des années, peut connaître cependant des aller-retour : en témoigne Bobigny, reprise par Abdel Sadi à l’UDI. Même retour au bercail communiste à Villejuif et à Noisy-le-Sec. A Saint-Ouen, le maire sortant UDI cède la place à la gauche, et est remplacé par le socialiste Karim Bouamrane.
La “vaguelette” verte
Autre nouveauté, la vague verte observée sur le territoire national arrive affaiblie sur les rives franciliennes. Elle donne cependant une mairie à un candidat EELV, Patrick Chaimovitch, qui détrône Nicole Goueta à Colombes en obtenant 53,20% des voix. La “vaguelette” permet également le maintien de justesse de la seule commune écologiste déjà présente en Ile-de-France, Arcueil. Au delà de ces deux villes, les écologistes jouent un rôle important dans plusieurs coalitions gagnantes.
Les outsiders out
Les candidats LREM, même au-delà de la déroute parisienne, n’ont pas confirmé les bons résultats observés aux Européennes. Dans les villes franciliennes, le parti du président de la République était absent, et il le reste. Même constat pour le Rassemblement national, qui avait enregistré de bons résultats dans les communes populaires du Nord-Est parisien, mais qui ne confirme pas l’essai, et finalement perd même Mantes-la-Ville, la seule ville qu’il dirigeait en Île-de-France.
“Ces résultats du Rassemblement national sont cependant sans doute à relier à la très forte abstention”, observe Pierre Mansat. “Une abstention qui n’est pas tant liée à la peur du Covid, d’ailleurs, qu’à la très inquiétante crise de la démocratie que nous vivons”.
Vincent Jeanbrun candidat à la présidence de la Métropole
Quelles seront les conséquences de ces municipales 2020 sur la Métropole du Grand Paris ? C’est maintenant que la bataille va s’y engager. Pourtant, “du point de vue de la Métropole, on ne peut pas s’attendre a priori à de grands changements, en tout cas dans le rapport de force politique”, poursuit Pierre Mansat.
Mais cette stabilité globale, cependant, ne préjuge pas de la composition des équipes à venir. Vincent Jeanbrun, proche de Valérie Pécresse -il est membre de Libres !- et maire de L’Haÿ-les-Roses, est d’ailleurs candidat à la présidence de la Métropole, face à Patrick Ollier, réélu à Rueil-Malmaison.
Quant aux évolutions institutionnelles tant attendues -on se souvient de la “simplification drastique” promise à l’Île-de-France par le président Macron…-, elles ne semblent pas davantage en vue à la suite des Municipales qu’elles ne l’étaient il y a quelques mois. “On ne voit pas très bien comment une réforme institutionnelle de taille pourrait intervenir aujourd’hui en Île-de-France”, déplore Pierre Mansat. “Le contexte actuel fait plutôt penser à un grand désert intellectuel et politique…”
© Arnaud Jaegers