Massy, « ville de province» à côté de Paris

Massy, « ville de province» à côté de Paris

Capitale économique du nord Essonne, porte d’entrée du Grand Paris, nœud de transports et de communication ? Massy, « ville multipolaire », veut être

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Capitale économique du nord Essonne, porte d’entrée du Grand Paris, nœud de transports et de communication ? Massy, « ville multipolaire », veut être tout cela à la fois. Elle a enregistré de fait, grâce à ses gares TGV et RER, un fort développement de son l’attractivité et de sa population. Mais elle souhaite surtout désormais devenir une… « ville de province », riche en activités et en qualité du cadre de vie.

Évidemment, à première vue, cela peut surprendre. Mais s’il est un lieu où le Grand Paris existe déjà, bien avant paradoxalement que la ligne 18 ne trace son sillon au beau milieu de la ville, c’est bien Massy. Ici, on sait de longue date à quel point les transports sont créateurs de ville et, même si le Grand Paris Express n’ouvre sa nouvelle gare – Massy-Opéra – qu’en 2024, RER, trams et TGV ont pris les devants.

Depuis longtemps, Massy est un véritable nœud de communication, qu’il s’agisse de transports en commun ou de déplacements individuels : « Notre gare TGV est la seule qui permet d’aller dans toutes les gares TGV de France sans passer par Paris », souligne Willem Pauwels, directeur de Paris Sud Aménagement, Société d’économie mixte de la ville. Avec 44 trains par jour et près de 2 millions de voyageurs par an, de fait, rares sont les Français qui ignorent Massy-Palaiseau… Aux côtés de cet équipement majeur implanté en 1991, on trouve deux gares pour les RER B et C, tandis que deux stations, routières cette fois, sont aménagées dans ce qu’il est convenu d’appeler un « hub multimodal ».

C’est aussi sur ce territoire que passent les autoroutes – A10-A6 – qui mènent aux grandes métropoles régionales à partir de la Capitale. Enfin, à citer encore pour faire bonne mesure, le Tram Express Sud qui reliera Massy à Évry en 2019, puis à Versailles un peu plus tard.

Un « microclimat » économique au beau fixe

Résultat, Massy a déjà ce que l’on attend, un peu partout, du Grand Paris Express et de ses gares…

À commencer par une attractivité qui ne se dément pas. Dans une ville qui disposait, au début des années 2000, de grandes réserves foncières, les entreprises ont trouvé des sites d’implantation attractifs et relativement peu coûteux qu’elles ont volontiers investis. Thales, Safran, Alstom, Ericsson, le siège de Carrefour France sont toujours là, comme Air France malgré, à l’occasion, des restructurations, des réaménagements et des pertes d’emplois… Au total, avec des hauts et des bas, Massy est restée au fil des années une ville à la fois industrielle et tertiaire.

« Il y a comme un microclimat économique à Massy », sourit Jean Chéron, architecte et urbaniste impliqué depuis plusieurs décennies dans la ville. « Les crises y passent sans s’y arrêter… » Et l’urbaniste de citer, en manière de preuve, les pratiques persistantes des promoteurs qui interviennent à Massy : « C’est une des très rares villes, à ma connaissance, où l’on est encore prêt à construire « en blanc », s’exclame-t-il. C’est-à-dire sans avoir tout pré-vendu d’avance. À Massy, on peut faire du bureau et toute sorte de locaux d’activités avec la certitude que ça se vendra et que ça se louera… »

Une réussite économique qui se traduit clairement dans les chiffres. De 2005 à 2015, pendant que la crise financière de 2008 sévissait partout ailleurs, le nombre d’emplois du secteur privé, à Massy, passait de 20 000 à 31 000. Dans cette ville qui n’a rien d’un « dortoir », si l’on se déplace facilement pour se rendre à Paris ou, de l’autre côté, à Orléans, on peut aussi aisément travailler sur place. La « médaille » que constituent les transports, fièrement affichée par la ville, comporte pourtant son revers.

En traversant la ville de part en part, le fleuve ferroviaire a tracé une barrière difficilement franchissable, comme les autoroutes qui balafrent un tissu urbain plutôt hétéroclite. Les gares, à force d’être massives et populeuses, en viennent à constituer autant de masses closes sur elles-mêmes et difficiles à traverser. Résultat, une ville morcelée, éparpillée, désarticulée entre des quartiers nés à des époques différentes, pour satisfaire des besoins différents. De quoi parfois se regarder en « chiens de faïence » d’un quartier à l’autre… « C’est incontestable, autant en prendre son parti et en tirer parti, reconnaît Jean Chéron, Massy est constituée d’une succession de quartiers souvent coupés les uns des autres, qui font d’elle une ville multipolaire, une ville qui doit sans cesse travailler à sa cohésion, à ses liens, physiques autant que sociaux…»

Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 18ème numéro d’Objectif nouveau Grand Paris.