La Lisière Pereire, un balcon sur la forêt de Saint-Germain-en-Laye

La Lisière Pereire, un balcon sur la forêt de Saint-Germain-en-Laye

Desservi par la Tangentielle Ouest et bientôt relié au centre-ville par un tram-train, le nouveau quartier la Lisière Pereire, situé à Saint-Germain-e

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Desservi par la Tangentielle Ouest et bientôt relié au centre-ville par un tram-train, le nouveau quartier la Lisière Pereire, situé à Saint-Germain-en-Laye, est en cours d’aménagement sur un site exceptionnel au cœur de la forêt. Les premiers logements devraient être livrés fin 2016.

C’est une parcelle de foncier de 9 hectares, de la forme d’une péninsule ou d’une étrave de bateau qui s’enfoncerait dans la forêt. Un site exceptionnel donc, mais aussi une « réserve à lotir », depuis le 22 juillet 1858 exactement, date à laquelle la  société Émile Pereire avait fait l’acquisition d’une portion de forêt de 49 hectares dans le but de la lotir ultérieurement. Mais un siècle et demi plus tard, cette « réserve Pereire » n’a été que partiellement aménagée : quelques villas ont été bâties au sud du site, puis c’est finalement un plateau ferroviaire qui a occupé les lieux de part et d’autre d’une voie de chemin de fer, la Tangentielle Ouest. Au fil du temps, des entrepôts, une gare de fret et des locaux techniques y ont été construits, de même que deux immeubles de logements sociaux (200 appartements), pour le bailleur cheminot La Sablière. Mais ensuite, plus rien.

En 2009, la municipalité de Saint-Germain-en-Laye engage une réflexion sur la transformation de cette friche ferroviaire, dernière vaste emprise encore constructible de la commune. Des discussions s’engagent avec Réseau ferré de France, occupant des lieux.

Le programme de la municipalité prévoit 56 % de logements et 44 % d’activités tertiaires et d’équipements : seront ici construits 350 logements de standing et intermédiaires, des commerces en rez-de-chaussée, trois immeubles de bureaux et d’activités, une crèche et un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de 84 lits ainsi que 150 logements sociaux, dont 100 destinés aux étudiants, proximité de la nouvelle antenne Science Po oblige… Un hôtel 3 étoiles est également programmé.

Il faut dire que dans le même temps se faisait jour le projet francilien de prolonger le tracé de la Tangentielle Ouest (TGO), dont les trains traversent les Yvelines du nord au sud et desservent d’importants bassins de vie et d’emploi. Ils relient actuellement la gare Saint-Germain-Grande Ceinture (place Christiane Frahier, à l’orée ouest de la Lisière Pereire), à Noisy-le-Roi, mais la ligne sera prolongée au sud jusqu’à Saint-Cyr-l’École, ce qui permettra de raccorder le RER A au RER C, indique le STIF. De plus, un tram-train reliera bientôt la Lisière Pereire au centre de Saint-Germain-en-Laye et à la gare RER A du château en 8 minutes.

Un hommage à Le Nôtre

Confié à une équipe de maîtrise d’œuvre composée de Jacques Ferrier Architectures (mandataire), aux côtés de l’agence Ter (paysagiste) et des bureaux d’études Ogi et Iter, le projet urbain qui s’appelle désormais la « Lisière Pereire » est entré en phase opérationnelle en 2013. Les premiers bureaux seront livrés fin 2015 pour Bose qui y implante son siège social ; une première partie des logements devrait être livrée en 2016.

Ce projet se structure autour du paysage. Jacques Ferrier s’en explique : « À Saint-Germain-en-Laye, Le Nôtre a été visionnaire ; il a pensé le paysage à grande échelle et, avec la Grande Terrasse qui offre un balcon sur la Seine et l’Ouest parisien, créé un lieu où l’on expérimente les saisons, la place de l’eau, le dessin géométrique, les perspectives. Ce travail nous a beaucoup influencés. » Réfutant toute idée de nostalgie, l’architecte urbaniste a souhaité « réinterpréter cette matière de façon contemporaine et créer, en quelque sorte, un hommage à Le Nôtre en recréant sur la réserve Pereire une terrasse en balcon sur la canopée ». « On peut imaginer les futurs habitants, le soir, sur leur balcon, écouter les bruits de la forêt », commente l’architecte, qui précise que le cahier des charges imposera aux constructeurs de réaliser des balcons pour 100 % des nouveaux logements.

Sur ce projet, architecte et paysagiste ont travaillé main dans la main dans l’idée de créer un paysage fluide et uni sur l’ensemble du site. Pour Michel Hössler, urbaniste paysagiste cofondateur de l’agence Ter, « il s’agit vraiment là d’un projet atypique. Il se lit à l’échelle du grand paysage, avec la Grande Terrasse, en même temps qu’à une échelle plus intime, dans chacun des lots confiés aux promoteurs. Lors de la rédaction des fiches de lots, nous avons fait en sorte de privilégier un principe de transparence et de covisibilité pour tous les logements, afin que les bâtiments de deuxième rang bénéficient eux aussi d’échappées sur le paysage ».

Le plateau ferroviaire existant, pour d’évidentes raisons techniques, était déjà surélevé de 4 à 5 mètres par rapport à la forêt, raison pour laquelle l’ensemble du quartier sera construit sur un terre-plein au-dessus du sol, comme une « clairière suspendue et habitée ». Plutôt que des gardes-corps, les concepteurs ont opté pour de larges emmarchements, qui créeront une limite – mais pas une barrière  – avec le sous-bois qui est ici à l’état naturel et ne peut donc pas être considéré comme un parc public.

« De longues et complexes négociations ont été menées avec l’Office national des forêts, qui ne voulait pas encourager les cheminements à travers les sous-bois », souligne la chargée de mission de l’agence Ter, Juliette Zub. Et s’il a fallu « mordre » très légèrement sur les arbres pour le chantier de la TGO, ces défrichements ont fait l’objet de généreuses compensations.

Le quartier sera donc desservi en son centre par la voie de tram-train, bordée, d’un côté, par la voirie existante des deux barres d’immeubles d’ICF Habitat La Sablière et, de l’autre côté, par la rue Henri-Dunant, qui a été redressée et requalifiée. Les immeubles HLM seront « toilettés et résidentialisés » ; c’est là que seront construits l’Ephad de 84 lits et la crèche. Une résidence étudiante et 50 logements sociaux (pour ICF Habitat La Sablière, architecte Patriarche & Co) seront réalisés à l’est du site, avant les immeubles de bureaux, dont l’un sera bientôt livré pour accueillir le siège social de Bose.

Le cahier des charges du périmètre prévoit 1,4 place de stationnement par logement (2 dans le PLU), dans la perspective du tram-train. Quant aux  promoteurs, ils ont été invités à réaliser deux niveaux de parking plutôt qu’un seul afin de libérer la voirie du stationnement et de ménager un maximum de pleine terre sur l’ensemble du site pour y planter de grands arbres. « Au final, le sol sera davantage perméable qu’aujourd’hui, car nous avons veillé à assurer une gestion des eaux pluviales et de la biodiversité exemplaire pour cet écoquartier », poursuit Jacques Ferrier.

À l’est, une nouvelle esplanade sera aménagée autour de la gare, place Christiane-Frahier ; de l’autre côté des voies se situeront la place du marché et un parking public souterrain. Avec ce projet, la ville de Saint-Germain-en-Laye s’offre un nouveau pôle en pleine forêt.

Crédits : JFA (photo encart) / F. Chagny/JFA (photo ci-dessus)