En novembre 2018, COAL – Coalition pour l’art et le développement durable – a fêté dix ans d’un combat pionnier : soutenir les artistes engagés en fav
En novembre 2018, COAL – Coalition pour l’art et le développement durable – a fêté dix ans d’un combat pionnier : soutenir les artistes engagés en faveur de l’environnement. Co-fondatrice de l’association, Lauranne Germond n’a de cesse de tisser des passerelles entre l’art et le Grand Paris. Une balade des quais de Seine aux tréfonds du super-métro en chantier.
Le Grand Paris en un souvenir ?
je m’amusais dans le hall ou sur le parking du garage d’en face, grande surface bitumée qui servait d’aire de jeux aux enfants du quartier. Jusqu’à 15 ou 16 ans, je pense que l’on grandit dans la Capitale un peu comme dans un village, dans une zone spatiale qui se réduit à l’appartement et à l’école. La mienne n’avait rien d’haussmannienne, ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai eu mes premières émotions parisiennes, avec ces visions quasi-cinématographiques des quais de Seine ou de la tour Eiffel. Ma première nuit dehors, par exemple, a été un événement marquant. Avec une amie, j’ai déambulé dans Paris, balade qui s’est terminée perchée sur une sculpture du quai Saint-Bernard, à regarder le soleil se lever sur l’Île Saint-Louis, avant que la police ne nous prenne pour deux ados en fugue et ne nous arrête au petit matin.
Un jardin secret ?
Un rêve ?
Un coup de gueule ?
Un coup de cœur ?
avec la beauté qui fait la magie de Paris : il est très rare de trouver des métropoles avec une telle continuité urbaine, sans no man’s land aucun, où il est possible de traverser la ville de bout en bout en gardant le même émerveillement.
Des artistes au secours des oiseaux
L’art « écologique » sera-t-il celui du XXIe siècle ? Depuis maintenant une décennie, le prix COAL récompense l’œuvre d’un artiste engagé au chevet de la planète. La récompense, unique en son genre dans le monde fermé des white cubes, a longtemps fait figure de pionnière. « En 2008, il n’était pas évident d’associer art et écologie, c’était presque une insulte pour un artiste », se souvient Lauranne Germond, directrice de COAL. « Le monde de l’art y voyait soit un phénomène de mode, soit une menace de récupération du travail des artistes, tandis que le monde de l’écologie, plus enthousiaste, percevait mal la réalité des pratiques artistiques. » Si l’association avait alors du mal à réunir 10 projets d’artistes témoignant d’un engagement environnemental, la prise de conscience semble avoir fait sienne le milieu de l’art contemporain :« Aujourd’hui, les artistes osent davantage se saisir des questions écologiques, tout comme les grandes institutions : les réseaux de l’artiste environnemental Tomas Saraceno sont actuellement présentés au Palais de Tokyo, ce qui aurait été impensable il y a quelques années », se félicite Lauranne Germond.
La coalition COAL, quant à elle, continue à dénicher, et soutenir, les talents de demain : le 24 octobre 2018, c’était donc au tour du plasticien français Jacques Loeuille de se voir distinguer parmi 350 dossiers venus de 66 pays. Son installation « Birds of America » se compose de sept films consacrés aux oiseaux disparus du continent américain ainsi qu’à la figure du naturaliste Jean-Jacques Audubon, père de l’écologie outre-atlantique.
L’angoissante extinction des oiseaux a également suscité la remise d’un second prix au projet « Cité d’Urgences – Apus Apus » : avec leurs abris pour oiseaux migrateurs, le duo de plasticiens belges Martine Feipel et Jean Bechameil se portera peut-être bientôt au secours des martinets en déroute de l’Île-de-France. Ce sera cependant avec un cycle de performances sur la fonte des glaces que COAL, le 28 novembre 2018, fêtera son drôle d’anniversaire, entre art et urgence planétaire.