L’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal) a publié une étude intitulée « Nos logements, des lieux à ménager ». Elle révèle
L’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal) a publié une étude intitulée « Nos logements, des lieux à ménager ». Elle révèle ainsi que la qualité d’usage des logements collectifs en Île-de-France, construits ces 20 dernières années, se dégrade. L’exemple le plus frappant : les pièces à vivre qui ont perdu en surface.
Vivait-on mieux dans nos logements il y a 50 ans qu’aujourd’hui ? La réponse paraît évidente. Les conditions de vie et d’habitation se sont drastiquement améliorées avec l’apparition des salles de bain dans chaque logement, du chauffage ou encore d’une meilleure isolation. Les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont pourtant exacerbé les malaises. Nos logements sont-ils de réels lieux de vie ? Peut-on évaluer la qualité d’un logement de façon objective ?
C’est le défi que s’est lancé l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal), à travers « Nos logements, des lieux à ménager ». Ce document a passé au crible les plans de 52 immeubles et 1 703 appartements sociaux et privés situés dans 17 communes franciliennes, sur 20 ans de construction, soit de l’an 2000 à aujourd’hui.
Ces chiffres peuvent sembler anodins au vu du nombre de logements que compte la Région-Capitale. Mais ils ont le mérite de dégager des tendances générales qui pourraient permettre de trouver des solutions globales pour la construction des futurs immeubles. À noter que sur plus d’une centaine de professionnels contactés par l’Idheal, seuls 24 promoteurs et bailleurs, et 45 architectes ont accepté de participer à l’enquête.
Séjour et cuisine fusionnent
Parmi les principaux enseignements que l’on peut tirer de cette étude, on note globalement une diminution des surfaces. Le séjour, par exemple, a perdu 2,80 mètres carrés en 10 ans, passant de 21,49 à 18,70 mètres carrés. Une surface parfois difficile à calculer étant donné que le séjour et la cuisine sont de plus en plus une seule et même pièce (71 % des logements du corpus), ce qui permet « difficilement d’installer confortablement un coin repas et un espace de détente », révèle l’étude. Cette configuration implique par ailleurs divers conflits d’usage. Les équipements de la cuisine, tels que les espaces de rangement pour la nourriture et le frigo, prennent désormais la place d’autres meubles prévus pour le séjour, faute d’espace suffisant.
La réduction des surfaces concerne aussi les chambres. La loi impose qu’au moins une chambre soit accessible aux personnes à mobilité réduite. La plus grande chambre des logements est ainsi passée, en moyenne, de 11,80 à 12,41 mètres carrés, au détriment de la surface des autres chambres. Selon les logements concernés par l’étude, l’écart est de 3 mètres carrés, avec de petites chambres mesurant en moyenne 9,71 mètres carrés. Difficile dans ces conditions d’« abriter un lit double de façon convenable ». C’est le cas pour 30 % des chambres du corpus.
Des pistes d’amélioration ?
Le tableau n’est pas tout noir pour autant. D’après l’étude, « 80 % des plans recueillis présentent au moins un espace extérieur (balcon, loggia, terrasse, jardin, jardin d’hiver, cour…) ». L’Idheal va plus loin dans son analyse. L’Institut propose des pistes de réflexion pour que les logements soient jugés en fonction d’un « référentiel qualité » précis et non uniquement sur des critères de localisation et de prix au mètre carré. Il s’agirait ainsi de « conditionner les aides publiques à des critères de qualité », « d’imposer un « minimum qualité » à l’échelle nationale » ou encore de « rendre opposables les chartes ou intégrer certaines de leurs prescriptions aux plans locaux d’urbanisme ». Une évolution plus que nécessaire, car si qualité des logements se dégrade, les prix, eux, continuent de s’envoler.
Crédit photo : Patrick Perkins.