Fin octobre, la Ville d’Issy-les-Moulineaux a inauguré un nouveau quartier, baptisé Issy Cœur de Ville. Plus qu’un quartier résidentiel de 607 logemen
Fin octobre, la Ville d’Issy-les-Moulineaux a inauguré un nouveau quartier, baptisé Issy Cœur de Ville. Plus qu’un quartier résidentiel de 607 logements, le site propose une trentaine de commerces et d’équipements. Volonté de la commune et du promoteur Altarea : donner à voir ce à quoi pourrait ressembler une « ville du quart d’heure ».
Un milliard d’euros. C’est ce qu’a déboursé le groupe Altarea pour réaliser tout un quartier à Issy-les-Moulineaux. Baptisé Issy Cœur de Ville, il se situe en plein centre-ville de la commune. Durant plusieurs décennies, les lieux étaient occupés par des activités économiques, dont le Centre de recherche des télécommunications de France Telecom. Les 40 000 mètres carrés de bâti formaient alors une enclave infranchissable pour les Isséens. En 2016, la Ville lance une consultation pour décider de l’avenir de cette parcelle de 3 hectares vidée de ses occupants, située entre les stations de métro Corentin Celton et Mairie d’Issy.
Le groupe Altarea y répond et envisage de proposer « un morceau de ville » de 100 000 mètres carrés qui répondrait aux ambitions de la « ville du quart d’heure ». Ce concept, imaginé par l’universitaire franco-colombien Carlos Moreno, repose sur « six fonctions sociales qui doivent être rapidement accessibles (…) depuis n’importe quel point de la ville : se loger, travailler, accéder aux soins, s’approvisionner, apprendre et s’épanouir », indique la Ville de Paris sur son site internet. Sur Issy Cœur de Ville, on y est. Le quartier propose douze produits immobiliers différents, allant du logement au bureau en passant par des commerces, un groupe scolaire ou encore un cinéma. Zoom sur certains d’entre eux.
600 logements chauffés grâce à la géothermie
Près de 600 logements composent le nouveau quartier. « Sur trois hectares, c’est une densité équivalente à celles des ilots situés dans le cœur de Paris », indique Denis Valode, architecte d’Issy Cœur de ville. Sur ces 600 logements, 25 % sont sociaux et une cinquantaine sont destinés aux médecins militaires de Percy à Clamart. Le prix à l’accession tourne autour de 12 000 euros du mètre carré. « Nous avons beaucoup vendu à des Isséens », précise Alain Taravella, président-fondateur du groupe immobilier Altarea. Fin octobre, il restait moins de 10 logements en vente.
Répondant aux attentes sociales du moment, chaque logement propose au moins 10 mètres carrés d’espace extérieur (balcon, terrasse, etc.). L’aspect environnemental s’illustre notamment avec la création d’un réseau de géothermie – utilisation de l’eau chaude des nappes phréatiques – qui a nécessité la pose de 8 kilomètres de tuyaux sur les 3 hectares de projet. « Grâce à cette installation, nous allons bien au-delà de la RT 2012 et nous ne sommes pas loin de la RE 2020 », explique-t-on chez Engie Solutions, installateur du réseau. Ce dernier répond aux besoins en chauffage et en eau chaude, mais aussi en rafraichissement grâce à des tuyaux d’eau froide implantés dans le sol. « Cela permet de baisser la température de 3 à 4 degrés dans les pièces », d’après Engie Solutions. A noter que plus de 300 logements sociaux situés de l’autre côté de la rue vont être raccordés au réseau de géothermie pour chauffer les lieux. En revanche, une seule pièce par logement sera équipée par le réseau de froid. « Les locataires ont accepté de voir leur loyer augmenter de 5 % pour bénéficier de ce réseau », rapporte André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux. Coût du réseau de production géothermique : 8,6 millions d’euros.
Des bureaux occupés par CNP Assurances
Côté bureaux, les trois immeubles, d’un total de 40 000 mètres carrés, ont été vendus à l’entreprise CNP Assurances. Cette dernière quittera prochainement son siège situé près de la gare Montparnasse, à Paris. Elle s’installera donc à Issy-les-Moulineaux avec 3 000 salariés. Pour se déplacer, ces derniers auront le choix entre les stations de métro de la ligne 12 toutes proches, les 1 095 emplacements pour vélos que compte le quartier et les parkings en sous-sol.
Ici aussi, il est question de transition énergétique. « Près de 4 000 mètres carrés de panneaux solaires ont été installés sur la toiture des bureaux. Les bâtiments sont en outre à énergie positive, donc autonome en termes énergétiques », indique Denis Valode, architecte d’Issy Cœur de ville. Avec la géothermie et les panneaux solaires, près de 70 % de l’énergie consommée dans le quartier est produit sur place.
Liens intergénérationnels
Outre des habitants et des salariés, le quartier accueille aussi des personnes âgées et des jeunes enfants. Les premiers vivent dans une résidence senior, les seconds occupent une crèche de 60 berceaux. Fait notable : les deux endroits se trouvent l’un en dessous de l’autre. Des activités pourraient, à termes, être partagées entre les deux établissements. Le quartier compte, en outre, un groupe scolaire de dix classes, une salle polyvalente et un tiers-lieu. Ces équipements, qui ont coûté 18 millions d’euros au promoteur Altarea, ont été remis à la ville pour un montant symbolique de… 1 euro.
Des produits de l’Aveyron
Trente. C’est le nombre de cellules commerciales et de restaurants que compte Issy Cœur de ville, tous situés en rez-de-chaussée des immeubles d’habitation. Début octobre, elles avaient toutes trouvées preneurs. Le promoteur a souhaité y installer une offre complémentaire aux centres commerciaux de Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement de Paris, et des Passages à Boulogne-Billancourt. On y trouve par exemple Les Halles de l’Aveyron, une épicerie qui propose des produits issus des fermes de ce département. Un cinéma UGC de 7 salles a également ouvert ses portes.
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