« Les grands travaux sont une opportunité de développer une construction plus propre »

« Les grands travaux sont une opportunité de développer une construction plus propre »© Willy Vainqueur - Plaine Commune.

Plaine Commune doit concilier ses projets – villages olympique et paralympique, gares du Grand Paris Express, renouvellement urbain – avec les

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Plaine Commune doit concilier ses projets – villages olympique et paralympique, gares du Grand Paris Express, renouvellement urbain – avec les ambitions de la neutralité carbone. Le territoire s’efforce de favoriser une construction plus propre en mettant l’accent sur l’économie circulaire. C’est la démarche du « métabolisme urbain », présentée ici par Laurent Monnet, maire adjoint à Saint-Denis et conseiller territorial à Plaine Commune.

 

Comment le territoire de Plaine Commune et ses 9 communes se sont-ils emparés du sujet de la neutralité carbone ? Quels sont vos engagements dans ce domaine ?

À Plaine Commune, le premier plan pour l’environnement date de 2010. En février 2020, le Plan climat air et énergie territorial (PCAET) a été adopté et Plaine Commune a déclaré le territoire en situation d’urgence climatique. Le climat est une priorité du mandat 2020-2026 et nos engagements doivent inscrire le territoire dans la trajectoire de la neutralité carbone 2050. Cette déclaration s’accompagne d’actes concrets : la mise en œuvre des 64 actions du PCAET ; l’adoption prochaine d’un Plan d’urgence pour l’adaptation au changement climatique ; la création d’un comité de suivi citoyen, vigie de la politique climat air énergie du territoire. Nous avons conscience que le temps joue contre nous. Les effets du changement climatique se font déjà sentir et ils sont aggravés par les disparités sociales. Pourtant, nos bilans montrent que les habitants de Plaine Commune, globalement plus pauvres qu’ailleurs, ont des modes de vie moins émetteurs que les résidents des territoires plus riches.

Par où commencer ?

Il nous faut revoir tout ce qui est source d’émissions de gaz à effet de serre. À commencer par la façon même dont la ville est conçue sur un territoire qui a longtemps été abandonné : tout a été fait pour les voitures, les sols et l’air sont pollués, le patrimoine bâti a été négligé, il y a beaucoup d’habitat indigne, voire insalubre… Il faut aujourd’hui réhabiliter, réparer et rééquilibrer. Pour lutter contre les déplacements constants, il faut créer sur place de l’emploi pour les gens qui vivent dans nos villes : à cet égard, les sièges de grandes entreprises qui se sont installées ces dernières années font trop appel à des cadres venus d’ailleurs, ce qui accroît les déplacements, l’inconfort et les émissions de GES. Le but est donc de construire des quartiers où chacun puisse avoir ses activités et privilégier les déplacements à pied ou à vélo. Ce sont des actions tous azimuts, relevant de l’aménagement, de l’urbanisme autant que de l’action économique et sociale, qui permettront de concevoir une ville peu émettrice dans son activité vie quotidienne.

Mais comment faire, alors que le territoire se transforme et construit beaucoup ?

Ce n’est ni un frein ni un obstacle, au contraire. Que l’on parle de mutation urbaine ou bien des Jeux olympiques, nous considérons quant à nous que cela ne doit pas obérer la transition climatique mais bien constituer une opportunité de faire plus vite et mieux. Les grands projets induisent d’importants flux de matériaux. Nous mettons en œuvre une démarche dite de « métabolisme urbain » : cela signifie que l’on étudie les flux de matériaux entrants et sortants à l’échelle du territoire de Plaine Commune en faisant de l’ensemble un écosystème. Il s’agit de favoriser le réemploi des matériaux de chantiers proches, de réduire les déchets et de mieux trier. Tout cela permet de limiter la consommation de matériaux neufs, de réduire les coûts, de développer de nouveaux savoir-faire et de nouveaux métiers relevant de différents niveaux de qualification autour du réemploi, du recyclage. Et cela évite tout un tas de va-et-vient. Tout cela se prévoit dès la déconstruction. Dans ce contexte, les travaux nécessaires pour les JO constituent un accélérateur des démarches et des méthodes nouvelles.

Des exemples ?

Prenons le centre aquatique olympique, construit sur un ancien site d’Engie. En déconstruisant les bureaux, on a beaucoup récupéré puis redistribué des équipements et des matériaux à des utilisateurs du territoire ou bien envoyé les produits inutilisables sur place vers des plateformes de réemploi. Pour ce qui est de la production d’énergie, nous voulons que le territoire soit de moins en moins dépendant des énergies fossiles. Nous avons le deuxième réseau de chaleur d’Île-de-France et nous développons la biomasse grâce au bois des forêts de l’Oise ainsi que la géothermie profonde. C’est un sujet-clé : le territoire se transforme en produisant de plus en plus d’énergie avec des émissions de CO2 réduites. Désormais, une grande partie des habitations est chauffée avec un système très vertueux. Parlons également du quartier de Pleyel, où il y aura un nœud de liaisons très important. Il y a aura là un quartier mixte qui doit être un exemple de la ville du quart d’heure.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien, ainsi que l’ensemble du dossier sur « Le Grand Paris du zéro carbone », dans le 35ème numéro d’Objectif Grand Paris.