Le Grand Paris et Vous… avec Thomas B. Reverdy

Le Grand Paris et Vous… avec Thomas B. Reverdy

D’une urbanité à une autre, Thomas B. Reverdy, écrivain et enseignant en Seine-Saint-Denis, nous livre ici sa vision de l’agglomération francilienne,

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D’une urbanité à une autre, Thomas B. Reverdy, écrivain et enseignant en Seine-Saint-Denis, nous livre ici sa vision de l’agglomération francilienne, entre trottoirs pluvieux et jardins en friche…

Un coup de cœur pour le Grand Paris ?

Je crois que j’aime profondément l’hypercentre parisien. J’ai longtemps travaillé à Bondy, à côté de Bobigny, mais j’ai un sentiment ambivalent par rapport à ces banlieues : elles sont dégagées, le ciel comme la nature y semblent plus proches mais, en même temps, elles concentrent les pires aspects de l’urbain, les autoroutes, les barres, les marginaux. Ces espaces sont à la fois calmes et affreux, entre les camps de rom’ au bord du canal et les SDF sous les bretelles d’autoroute. Je me souviens d’un marchand de sommeil qui louait les chambres d’une clinique désaffectée : dans ma classe, un gamin y dormait dans la morgue… Ce sont des images que l’on ne peut oublier, dans lesquelles se lit toujours la coupure du périph’ : quels que soient les efforts urbanistiques, elle est là, et les jeunes des périphéries n’imaginent Paris que comme un voyage, ce n’est pas chez eux, c’est de l’autre côté.

Le Grand Paris… en un coup de gueule ?

Je ne pense pas que l’on puisse résoudre la problématique du Grand Paris en installant de nouvelles lignes de métro : la frontière symbolique entre le centre et la périphérie reste, d’autant qu’il faudrait oser revenir sur cet aspect « musée haussmannien » qui est en train de gagner dans de nombreux arrondissements. J’ai lu qu’un tiers des appartements du Marais n’était pas occupé et servait de résidence secondaire. C’est ridicule et ces dernières décennies, cela n’a fait qu’augmenter la pression immobilière, il faut que cela se relâche !

Un rêve pour le Grand Paris ?

Pourquoi pas un vrai centre-ville moderne, tout simplement ?

Le Grand Paris, en un souvenir ?

Mon plus vieux souvenir parisien, c’est celui de la poussette au ras du sol et l’odeur de la pluie sur le trottoir.

Un jardin secret ?

Un jardin secret, c’est forcément un jardin. J’ai occupé plusieurs logements qui ont toujours tourné autour du Jardin des plantes. J’y vais plusieurs fois par jour, plutôt dans le petit Jardin des pins, moins connu et fréquenté que les grandes allées et les roseraies… Cependant, je crois que j’ai une préférence pour le Jardin d’agronomie tropicale, un lieu incroyable, à l’entrée du bois de Vincennes. Au début du siècle y ont été réalisés des essais de plantation pour les colonies et, pendant la Première Guerre mondiale, le lieu a accueilli un hôpital et des soldats blessés, on y a donc construit une petite mosquée pour les combattants musulmans. Puis, progressivement, s’y sont accumulés au fil du XXe siècle des monuments aux morts. Tout cela est aujourd’hui en ruine, plus ou moins entretenu, dans un sous-bois en friche, symbole de ce pan de l’histoire française dont on ne sait plus trop quoi faire, et qui en fait un lieu très intéressant !

Crédits photo : David Ignaszewski/Koboy/Flammarion