Entre prudence et volontarisme, Le Perreux balance…

Entre prudence et volontarisme, Le Perreux balance…

Avec les nouvelles gares de la ligne 15 à proximité immédiate de la commune, Le Perreux donnera un développement inédit à ses quartiers d’entrée de vi

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Avec les nouvelles gares de la ligne 15 à proximité immédiate de la commune, Le Perreux donnera un développement inédit à ses quartiers d’entrée de ville, côté Fontenay aussi bien que côté Nogent. Un nouveau PLU, de l’emploi et du logement en perspective, mais aussi des coûts.

Changer, évoluer, se développer, oui… Mais avec prudence. C’est toute la problématique du Perreux, cité résidentielle de 33 000 habitants de l’Est parisien jusqu’à présent davantage marquée par une confortable continuité que par la rupture…

Les changements à venir ? C’est du voisinage qu’ils viendront. Avec deux gares importantes de la ligne 15 en cours de construction à proximité immédiate, la petite ville verdoyante lovée dans une courbe de la Marne sera forcément, et vigoureusement, impactée. Un peu de gré, un peu de force.

Côté Fontenay-sous-Bois, c’est la gare de Val de Fontenay, par laquelle passent aujourd’hui les RER E et A, qui promet de changer de dimension. Par la grâce d’une branche de la nouvelle ligne 15 et d’un allongement de la ligne E, c’est d’un véritable hub qu’il s’agira demain, accueillant en sous-sol des millions de voyageurs en transit entre Est et Ouest ainsi – et c’est ce qui est le plus nouveau – qu’entre Nord et Sud. Résultat, le quartier, qui n’était alors qu’une zone un peu périphérique de Fontenay-sous-Bois, loin du très chic bois de Vincennes et du centre ancien, devrait devenir un noeud névralgique pour plusieurs communes. De quoi favoriser le développement de toute une activité commerciale et tertiaire d’ailleurs déjà représentée.

Pour Le Perreux, dont l’entrée nord est située à quelque 800 mètres de Val de Fontenay, l’onde de choc sera sans doute amortie, mais néanmoins très perceptible. De quoi, pour les responsables perreuxiens, espérer un développement commercial nouveau : « On peut supposer que ces voyageurs de passage aussi bien que les salariés passant la journée dans le quartier constitueront une nouvelle clientèle pour des restaurants et commerces installés à proximité », souligne Christel Royer, adjointe chargée de l’urbanisme à la mairie du Perreux.

Des quartiers de périphérie reprennent une place centrale

Dans la foulée, la commune en profitera pour requalifier son entrée de ville, aux alentours de la place du Général-Leclerc, une zone jusqu’à présent quelque peu délaissée qui devient, pour les Perreuxiens, un lien majeur entre gare et centre-ville. « Autour de cette place, un point phare puisque c’est l’entrée de la commune, nous réfléchirons à un urbanisme à la fois porteur de développement économique et attractif au plan esthétique et résidentiel », poursuit Christel Royer. Sans cacher qu’il y a fort à faire : grandie jusqu’à présent au hasard des constructions éparses et des liaisons routières, l’entrée nord de la ville est pour l’instant peu accueillante. Elle devrait cette fois-ci faire l’objet d’un traitement réfléchi et concerté au sein de l’EPT Paris Est Marne Bois (ex-EPT10 qui réunit 13 communes). Objectif : se doter d’un quartier à taille humaine, privilégiant notamment les mobilités douces et la verdure, une orientation par ailleurs érigée au rang de priorité par le nouveau PLU.

Côté Nogent, le Grand Paris Express remet le couvert. Cette fois, c’est la gare Nogent-Le Perreux qui accueillera à la fois la ligne E et la ligne 15. Là encore, tout un quartier est à naître, très directement relié au centre ancien du Perreux dans les années 2025-2030. De quoi impulser de nouveaux aménagements entre gare et centre-ville, qu’il s’agisse d’activités ou de logements, dans une commune qui n’accueille guère pour l’instant que du commerce et du petit artisanat.

En finir avec la cité-dortoir

La ville du Perreux, face à ces perspectives qui ne se préciseront guère que dans une dizaine ou une quinzaine d’années, se veut optimiste.

Dans cette commune qui, comme certaines de ses voisines de l’Est, voit nombre de ses administrés emprunter quotidiennement le RER A pour aller travailler dans les grands pôles du tertiaire que sont les arrondissements de l’Ouest parisien et le quartier de La Défense, le développement de nouvelles activités sur place est évidemment une bonne nouvelle. Il n’y a pas loin du « quartier résidentiel » à la « cité-dortoir » et les atouts peuvent rapidement, sans que l’on y prenne garde, se transformer en boulets…

Autre avantage attendu : le développement de nouveaux logements, le long des axes conduisant aux deux gares et autour d’elles, peut apporter une solution à de jeunes couples qui ont du mal à se loger dans l’espace pavillonnaire traditionnel. La commune, qui affiche pour l’instant un très faible pourcentage de logements sociaux (10 %) malgré un effort de construction très réel (150 logements par an environ, dont 30 % d’habitat social), pour cause de contraintes foncières strictes, pourrait se rapprocher des exigences légales (25 % de logement social) et répondre aux besoins de densification de la région. Reste qu’elle entend rester prudente face à ces bouleversements en perspective, histoire d’éviter d’y perdre plus qu’elle n’y gagnerait…

« Les Perreuxiens sont très attachés à leur verdure et à leurs pavillons », admet Christel Royer. Loin du luxe et des familles majoritairement aisées de l’Ouest parisien, Le Perreux constitue de fait un « grand village » pavillonnaire où bien des familles modestes et installées de longue date tiennent à leurs jardinets comme à la prunelle de leurs yeux. On les comprend : proches de la Marne et de son calme débit, les parcelles verdoyantes se succèdent et conservent un charme à la Doisneau que bien des banlieues ont irrémédiablement perdu. Pourquoi le brader ?

C’est dans cet esprit que le nouveau PLU a pris soin de limiter la constructibilité en « fond de parcelle » ; la présence de la nature dans la ville est ici un avantage qu’il ne s’agit pas de perdre…

Autre « risque » que la ville entend gérer tout en délicatesse : l’accroissement de la population, jusqu’à quelque 40 000 habitants. Si la elle ne veut nullement rejeter a priori cette perspective de croissance, elle entend prendre en considération les coûts qu’elle impliquerait.

Autour du nouveau quartier de la place du Général-Leclerc et du boulevard Alsace-Lorraine, une nouvelle école accompagnera ainsi obligatoirement les travaux d’infrastructure et de voierie. Pas si simple dans cette ville qui – comme les autres ! – fait avec amertume le compte des sommes perdues dans le contexte de la baisse des dotations et de l’accroissement des charges…

Son credo dans ce contexte : expliquer et faire de la pédagogie, à grand renfort de réunions publiques. « La densification est indispensable, certes, pour les Perreuxiens d’une part et pour l’ensemble de la région d’autre part, mais elle doit être soigneusement mesurée et, surtout, acceptée », conclut Christel Royer.

Où l’on voit que les élus, parfois, doivent se transformer en équilibristes…