Le « Grand équipement documentaire » du Campus Condorcet, à Aubervilliers, ouvre ses portes. L’architecte franco-brésilienne Elizabeth de Portzamp
Le « Grand équipement documentaire » du Campus Condorcet, à Aubervilliers, ouvre ses portes. L’architecte franco-brésilienne Elizabeth de Portzamparc l’a voulu exemplaire en matière d’ouverture intellectuelle, mais aussi architecturale et sociale. Promenade commentée.
Les contacts humains produisent l’intelligence qui façonne notre société ». Cette phrase, l’architecte franco-brésilienne Elizabeth de Portzamparc l’a prononcée en 2016, lors d’une rencontre à l’Académie des Sciences. À l’époque, elle était déjà lauréate pour la création du Grand équipement documentaire (GED) du Campus Condorcet à Aubervilliers, concours qu’elle a remporté en 2014.
Cette grande bibliothèque de 25 000 mètres carrés, souvent qualifiée de « plus grande bibliothèque de sciences humaines d’Europe », a été livrée en septembre 2021. Elle réunira, à termes, les ouvrages et documentations d’une cinquantaine de bibliothèques. Située à quelques minutes du métro Front Populaire, elle peut accueillir, sur trois à cinq étages selon l’orientation, 1 432 places assises.
Elizabeth de Portzamparc l’a imaginée comme « un condensé de tout ce qui manque dans les bibliothèques qui existent. »
Pour commencer, loin d’elle l’idée de concevoir un bâtiment fermé sur lui-même, uniquement accessible aux « sachants ». L’architecte « revendique la démocratisation du savoir ». La bibliothèque, ainsi que l’ensemble du Campus, s’est construite sur d’anciennes friches industrielles. Aujourd’hui encore, des zones d’entrepôts côtoient (pour combien de temps encore ?) les bâtiments neufs d’enseignement supérieur. L’ambition de l’architecte : participer au brassage social et culturel de l’ensemble des riverains au sein du GED.
Une « place publique couverte »
Cette ambition se matérialise dès le parvis. De part et d’autre, des espaces verts et des bancs invitent tout un chacun (une fois passés les très étroits portiques de sécurité !) à la détente. Une vaste allée permet ensuite d’emprunter l’entrée Sud du GED, matérialisée par un « bâtiment-pont ». Il est également possible de passer par la cafétéria située en rez-de-chaussée du GED. Enfin, une troisième entrée donnera, dans les prochaines années sur la future station de tramway T8.
Ces trois entrées se rejoignent au centre du bâtiment-pont, dans un vaste espace baptisé le « forum ». Conçue comme un lieu de rencontre, cette « place publique couverte » est habillée au plafond d’une « verrière de type sheds » qui permet à la fois d’apporter de la lumière naturelle, de conserver la chaleur en hiver et d’apporter une ventilation naturelle en été. Toujours dans cette volonté de porosité, des baies vitrées donnent à voir l’intérieur du GED aux niveaux supérieurs. La position centrale du forum permettra d’y organiser des événements, visibles depuis les loggias vitrées qui animent les façades intérieures. Enfin, un espace de co-working ainsi qu’une salle d’exposition occupent le rez-de-chaussée afin de permettre un brassage des populations.
Des espaces extérieurs évolutifs
Le GED entend offrir des lieux propices aux révisions et à la recherche. Une variété d’ambiance, de luminosité et de mobilier qui, selon l’architecte, manque dans la plupart des bibliothèques. On retrouve ainsi, dans les étages supérieurs, des « espaces intimes », c’est-à-dire des bureaux individuels, séparés les uns des autres par des parois, plus doucement éclairés par la lumière naturelle.
« L’objectif était de produire des espaces adéquats pour chaque individu, selon son humeur, afin de favoriser l’apprentissage et le bien-être » – Elizabeth de Portzamparc.
Les utilisateurs pourront également s’installer sur de longues tablées et de vastes canapés prévus pour les travaux de groupe, ouverts sur les façades vitrées. À noter que dans les salles de lecture, la luminosité peut être contrôlée manuellement, selon les besoins des usagers. « L’objectif était de produire des espaces adéquats pour chaque individu, selon son humeur, afin de favoriser l’apprentissage et le bien-être », ajoute Elizabeth de Portzamparc.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 34ème numéro d’Objectif Grand Paris.
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