La construction bas carbone, une exigence de notre temps, pourrait s’inspirer des travaux et expérimentations
La construction bas carbone, une exigence de notre temps, pourrait s’inspirer des travaux et expérimentations de nombreux architectes depuis le début du XXe siècle. Ce sont leurs œuvres, très diverses, inventives, efficaces, et pourtant souvent méconnues, qui sont actuellement exposées au Pavillon de l’Arsenal, à Paris.
Construire bas-carbone. L’exigence semble aujourd’hui incontestée, si ce n’est réellement mise en œuvre. Elle n’est pourtant pas aussi nouvelle qu’on veut bien le dire ; dès le début du siècle dernier, édifier un habitat léger, sobre, rapide et peu coûteux – c’est-à-dire somme toute émettant peu de carbone – a été l’objectif de nombreux architectes : il s’agissait alors – ou déjà – de doter d’un habitat accessible à prix abordable des populations démunies dans un contexte de pénurie de logements et de matériaux.
Ce sont ces recherches et les maisons ou immeubles qui en sont issus, entre 1920 et 2020, sous le crayon d’architectes européens ou américains que donne à voir la remarquable exposition proposée en ce moment par le Pavillon de l’Arsenal, à Paris, sous la houlette de Philippe Rizzotti, architecte très engagé lui-même, justement, dans cette exigence.
Résultat, trente-trois projets reconstruits numériquement et analysés afin d’évaluer et de comparer avec précision les masses de matériaux utilisées, en kg par mètre carré, l’empreinte carbone des constructions, la complexité des systèmes et l’efficacité de la mise en œuvre. Et c’est une étonnante modernité, en même temps qu’une grande inventivité et une réelle efficacité qui s’illustrent dans les travaux de ces pionniers sommés de construire plus en consommant moins.
Des maisons frugales, légères, peu coûteuses, évolutives
C’est d’abord, lancé aux États-Unis par l’architecte Richard Buckminster Fuller, le programme Dymaxion – acronyme de dynamique, maximum et tension – qui cherche à appliquer la production industrielle à la conception résidentielle pour réaliser, dans un souci d’économie de moyens et de matériaux, des logements en masse « abordables, démontables et transportables », explique Philippe Rizzotti. La drôle de maison ronde et métallique issue de ce programme pesait un peu plus de 3 tonnes alors que les maisons standard de l’époque affichaient plutôt un bon 150 tonnes. Malgré son souci de l’écologie et ses réussites, le projet restera à l’état de prototype.
En 1950, c’est au Salon des arts ménagers parisiens que les architectes Jean et Henri Prouvé présentent le premier prototype de la « maison Métropole ». Il s’agit de démontrer, dans le contexte d’urgence de l’après-guerre, les avantages de la préfabrication industrielle et surtout la capacité des modèles- types à passer du prototype à la construction résidentielle classique. À l’époque, le ministre de la reconstruction et de l’urbanisme, Eugène Claudius-Petit, passera commande d’une douzaine de maisons, dont dix sont aujourd’hui protégées à Meudon, au titre des Monuments historiques… Pourtant, souligne Philippe Rizzotti, « l’empreinte carbone de cette maison aux airs de serre potagère reste quatre fois inférieure aux objectifs les plus ambitieux de la construction actuelle… »
Dans le même contexte, mais de façon plus radicale encore, en 1952, le Japon voit naître la « maison minimum » ; elle est construite en quelques mois grâce à des assemblages simples et à l’utilisation de matériaux standards. Démontable et remontable, elle s’affirme réversible ; là encore, une qualité environnementale qui apparaît comme très pionnière aujourd’hui et qui a inspiré la construction japonaise jusqu’à nos jours. La Zip-Up House, développée à la fin des années 60 par Su et Richard Rogers à Londres, facile à manipuler, posée sur des fondations légères et adaptables, est la première à se préoccuper avant tout de sobriété énergétique, avec des panneaux offrant un coefficient d’isolation sept fois supérieur à celui des parois d’une maison traditionnelle de l’époque.
Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 34ème numéro d’Objectif Grand Paris.
Légende photo : système Dymaxion – 1929-1947 – Richard Buckminster Fuller. Crédit : Courtesy, The Estate of R. Buckminster Fuller.