Des fleurs et de la bonne terre sur Lil’Ô

Des fleurs et de la bonne terre sur Lil’Ô

Grâce aux financements de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), l’association Halage s’apprête à accélérer ses projets d’agriculture u

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Grâce aux financements de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), l’association Halage s’apprête à accélérer ses projets d’agriculture urbaine sur la friche qu’elle occupe sur L’Île-Saint-Denis.

 Il y a un an, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation lançait l’appel à projets « Quartiers fertiles » dans le but de promouvoir l’agriculture urbaine dans les quartiers en politique de la Ville. Sur les 27 projets lauréats, 8 se situent en Île-de-France et 5 en Seine-Saint-Denis. Le département, qui dispose de nombreuses friches industrielles, espère transformer ces terrains en des lieux plus accueillants.

L’association Halage, spécialisée depuis 25 ans dans l’environnement, fait partie des lauréats. Une enveloppe de 426 000 euros lui a été octroyée. Objectif : donner un coup d’accélérateur sur les projets qu’elle déploie depuis 2018 sur L’Île-Saint-Denis, sur un terrain baptisé Lil’Ô.

Cette friche de 3,6 hectares a été confiée par le Département et la Ville dans le cadre d’un Appel à manifestation d’intérêt. « Il fallait proposer une programmation qui redonne vie au sol et un accès au public. Connaissant l’histoire de l’île en partie construite avec les déchets des travaux du baron Haussmann et polluée par l’industrie, nous avons eu envie de redonner leur place à la nature et aux personnes », expliquent Stéphane Berdoulet, co-directeur de Halage. L’association, également dirigée par Cécile Vaudey, a souhaité alors transformer la friche en un parc naturel, d’activités et de loisirs.

De la « bonne terre » du 93

Première étape, installer un composteur industriel de déchets alimentaires, « l’Alchimiste ». Une fois mélangés avec de la terre excavée en profondeur, du béton concassé issu de la démolition de bâtiment et « quelques petits secrets », il en sort un substrat fertile. Plus besoin de faire venir en camion de la « bonne terre » de zones rurales ! Une expérimentation qui a d’ailleurs fait mouche du côté de la Solideo : Halage (en groupement avec les entreprises ECT et Neo-Eco) a remporté un appel à projets pour développer ce savoir-faire dans le cadre des Jeux Olympiques de 2024.

Cette nouvelle terre a servi à la plantation de 1 500 arbres et à la constitution d’une ferme florale appelée « Fleurs d’Halage ». « On est ainsi devenus les premiers producteurs de fleurs du Grand Paris ! Pourquoi importer des fleurs du bout du monde alors qu’on peut les produire localement à destination des fleuristes ? », poursuit Stéphane Berdoulet. D’après son site internet, « 85 % des fleurs coupées en France sont issues de l’importation ». Au total, trois sites produisent des Fleurs d’Halage : deux sur L’Île-Saint-Denis et un dans le 17earrondissement de Paris. La structure s’est donnépour objectif de produire 100 000 fleurs en 2021.

Centre de formation

Pour faire tourner ces différentes activités, l’association a recruté 120 salariés. Environ 40 d’entre eux sont permanents, les autres en insertion. Tous sont ainsi amenés à créer, aménager et entretenir les sites d’Halage mais aussi des terrains appartenant aux collectivités, à des bailleurs sociaux ou encore les talus ferroviaires de la SNCF.

C’est notamment par ce biais qu’Halage perçoit des ressources financières. Son modèle économique repose également sur la vente de fleurs, de compost, de produits de restauration lors d’événements ou encore sur les subventions de la part de l’État et des collectivités. « Nous avons une mission sociale, environnementale et d’intérêt général qui n’est pas remplie par d’autres. De toute façon, sans nous, cette friche aurait eu un coût malgré tout », indique Stéphane Berdoulet. Toutes les activités participent ainsi à équilibrer les coûts de fonctionnement et les investissements de Lil’Ô, qui avoisinent les 360 000 euros par an.

Partenariats publics-privés-habitants

Désormais, l’association se lance dans la concertation citoyenne. Le but : co-construire la friche et ses futures activités avec les habitants. Certains espèrent voir se créer une guinguette. Halage prévoit aussi de réunir des professionnels du territoire (architectes, artisans, artistes, associations, etc.) pour compléter l’aménagement du site, le sécuriser et en faciliter les accès avant l’arrivée du public qui sera, lui aussi, invité à se relever les manches. « Produire de la ville et de l’agriculture avec les habitants, c’est leur montrer qu’on leur fait confiance. En Seine-Saint-Denis, les collectivités font le pari qu’avec des partenariats publics-privés-habitants, on peut apporter des solutions aux problèmes de chômage, d’urbanisme, d’environnement et de lien social », conclut Stéphane Berdoulet.

 

Crédit photo : Halage.