La démocratie participative négligée

La démocratie participative négligée

Nombreux sont les élus qui ne voient pas d’un bon œil les initiatives encourageant les habitants à devenir des citoyens militants. Si les candidats à

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Nombreux sont les élus qui ne voient pas d’un bon œil les initiatives encourageant les habitants à devenir des citoyens militants. Si les candidats à la présidentielle appellent à voter pour eux, ils encouragent moins les habitants à s’investir dans la démocratie participative, d’après la sociologue Marie-Hélène Bacqué… qui n’a pas l’intention d’abandonner la partie.

« L’Assemblée nationale n’a jamais été aussi homogène. L’élite qui y siège n’est pas du tout à l’image des Français », déclare Marie-Hélène Bacqué, sociologue spécialiste de la question de la participation dans les quartiers populaires. Un entre-soi rassurant qui expliquerait notamment pourquoi la question de la démocratie participative n’est « pas vraiment un thème au centre de la campagne présidentielle ».

En effet, beaucoup d’élus restent très attachés à la démocratie représentative, de peur de perdre une partie de leur pouvoir face à des habitants bien plus nombreux… Conséquence, selon la sociologue : les habitants ne sont pas encouragés à participer véritablement à la vie démocratique et l’abstention, à la hausse, illustre cette difficulté.

Pour Marie-Hélène Bacqué, qui est aussi enseignante-chercheur en études urbaines à l’université Paris Ouest Nanterre-La Défense, il est encore temps d’inverser la tendance. Elle est l’auteure du rapport Trente propositions pour la participation dans les quartiers populaires, commandé, en 2013, par l’ancien ministre de la Ville François Lamy. Preuve du manque d’engouement des hommes politiques pour ce sujet : une seule de ses propositions a vu le jour. Et encore, elle a été bien transformée… Marie-Hélène Bacqué proposait la création de « tables de quartiers », des réunions permettant aux habitants volontaires d’imaginer, avec les élus, leur nouveau quartier. Cette initiative est aujourd’hui connue sous le nom de « Conseils citoyens ». Mais, contrairement à ce que préconisait l’idée initiale, moins directive, ces Conseils ont été rendus obligatoires par la loi, les habitants étant tirés au sort. Résultat : certains ne viennent plus au bout de quelques séances, entraînant la fermeture des Conseils. D’autres habitants, qui n’ont aucune expérience de la participation, voient leur tâche réduite à l’organisation de fêtes de quartier.

Reverser l’argent de l’État aux associations

Loin de s’avouer vaincue, Marie-Hélène Bacqué projette d’aller à la rencontre des candidats à la présidentielle, rapport en main. Objectif : défendre un nouveau projet : la création d’un Fonds d’initiative citoyenne financé par l’État. Ce fonds permettrait de lancer des initiatives diverses. « Par exemple, les habitants pourraient créer leur propre service d’urbanisme qui viendrait en contre-expertise d’un projet communal », explique Marie-Hélène Bacqué.

Cet argent servirait également à soutenir les projets des collectifs existants et leur permettrait de se doter de locaux et de personnels. « La loi ne parvient pas toujours à transformer les pratiques. Il faut surtout développer des formations pour les habitants mais aussi pour les élus ! », conclut la sociologue.