Argenteuil, un « territoire d’industrie » aux ambitions métropolitaines

Argenteuil, un « territoire d’industrie » aux ambitions métropolitaines©Ville d'Argenteuil.

Opération « rajeunissement » pour les trois parcs d’activités que compte la ville d’Argenteuil. Bien qu’attractifs pour les entreprises à l

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Opération « rajeunissement » pour les trois parcs d’activités que compte la ville d’Argenteuil. Bien qu’attractifs pour les entreprises à la recherche de grandes surfaces et de faibles loyers, ces parcs vieillissants doivent se réinventer. Objectif : attirer de nouvelles sociétés, plus branchées digital et cosmétique.

« À Argenteuil, on ne s’invente pas ‘‘ Territoire d’industrie’’. On poursuit simplement notre histoire industrielle. » Pour Damien Walker, adjoint au maire délégué à l’Attractivité, au commerce et à l’innovation numérique, le destin d’Argenteuil doit rester intimement lié à l’industrie. Il y a plus d’un siècle, la zone industrielle située près de la gare d’Argenteuil accueillait déjà des entreprises. « Des fleurons industriels, des pièces uniques dans le monde, ont vu le jour dans la commune », rappelle l’adjoint. En 1912 par exemple, l’entreprise Donnet-Lévêque expérimente le premier vol d’un hydravion à fuselage. Dès les années 1950, l’entreprise Dassault Aviation, toujours présente en ville, construit dans son usine les avions Ouragan, Mystère, Falcon et Rafale.

Aujourd’hui, Argenteuil, commune val-d’Oisienne de 110 000 habitants et troisième ville la plus peuplée d’Île-de-France, compte trois parcs d’activités. Les locaux n’y restent jamais vides bien longtemps. Tableau parfait pour une ville qui ambitionne de devenir la référence en matière d’implantation industrielle dans le nord du Grand Paris. Problème : ces zones d’activités, vieillissantes, n’ont semble-t-il pas franchi le cap du XXI siècle. Alors, pour rester attractive, la Ville tente de changer d’image.

Premier objectif : rénover en profondeur les parcs d’activités. Une opération pas si aisée.

« Requalifier une zone d’activités représente un coût trop important pour la commune », admet Damien Walker.

Au Val d’Argent, la Ville encourage les entreprises à rénover leur parcelle, remettre leurs bâtis au goût du jour et réaménager leur parking, mais les résultats sont encore timides. « On cherche comment motiver l’investissement privé. Cela pourrait passer par l’octroi de droits à construire », imagine l’adjoint.

Dynamique de « rajeunissement »

Sur les autres parcs d’activités en revanche, la dynamique semble prendre.

« Porte Saint-Germain-Berges de Seine dépend d’un contrat de renouvellement urbain avec l’État. Cela implique non seulement un travail sur la relocalisation d’entreprises industrielles basées hors d’Argenteuil, mais aussi l’apport de mixité avec la construction de logements et de services », poursuit Camille Gicquel, adjointe au maire déléguée à l’Urbanisme, à l’aménagement et aux projets urbains.

Parmi les projets en cours, on note le programme Urban Valley, développé par la Foncière Atland dans le cadre de la deuxième édition du concours Inventons la Métropole du Grand Paris. Le projet prévoit de « donner un coup de jeune au site », d’après la municipalité, avec la création d’immobilier de bureaux, d’activités, d’ateliers et un restaurant interentreprises. « Aujourd’hui, bon nombre d’industries ont besoin de moins de mètres carrés. Nous conservons donc le secteur du Val d’Argent pour des entreprises qui nécessitent de s’étendre. Là est notre force : pouvoir proposer différents types de parcs », poursuit Camille Gicquel.

Argenteuil n’est cependant pas disposée à accueillir tout type d’activité. Exit le stockage et la logistique, gourmands en surface au sol et peu pourvoyeurs d’emplois. Toujours dans cette dynamique de « rajeunissement », Argenteuil vise « l’industrie innovante », c’est-à-dire qui mêle savoir-faire traditionnel et technologies numériques. Forte du label « Territoires d’industrie » délivré par l’État en 2019, la Ville espère bénéficier d’une part de l’enveloppe d’un milliard d’euros prévus dans le cadre de la « reconquête industrielle » au plan national.

« 8 000 diplômés par an »

Autres secteurs d’activité recherchés : la sécurité et la cyber-sécurité, en lien avec l’université de Cergy-Pontoise. Un Campus des métiers et des qualifications de la sécurité est temporairement implanté dans le centre-ville d’Argenteuil. Il devrait ensuite rejoindre le site de l’IUT situé près de la gare du Val d’Argenteuil et proposer plus de services comme des plateaux de formation, un incubateur d’entreprises ou encore une volière pour drone.

« À terme, le campus pourrait accueillir 8 000 diplômés par an », indique Nathalie Castaignet, chargée du pôle Entrepreneuriat et Innovation.

Outre les acteurs académiques, Argenteuil compte sur la sphère d’influence de la Métropole du Grand Paris pour gagner en visibilité et attirer les entreprises. Depuis 2016, la ville fait partie de l’Établissement public territorial (EPT) Boucle Nord de Seine. « Les synergies se jouent aussi à l’intérieur du territoire. Si une entreprise ne trouve pas la surface dont elle a besoin dans une ville, l’EPT peut l’orienter vers une autre commune », indique Camille Gicquel.

Pour mettre toutes les chances de son côté, la Ville a impulsé une opération de lifting sur ces espaces publics en bord de Seine. Avec l’aide d’autres collectivités comme le Département, elle investit dans la rénovation de la voirie, dans les transports publics avec un projet de bus en site propre et sur la transformation des berges de Seine en lieu de promenade. Elle n’abandonne pas non plus l’espoir de rayonner au niveau culturel et commercial avec Cap Héloïse, projet de multiplexe cinématographique, de salle de spectacle, de commerces et de logements face à la Seine. Reste ici à venir à bout des recours qui retardent le projet depuis plusieurs années.

Retrouvez l’intégralité de l’article dans le 36ème numéro d’Objectif Grand Paris.

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