La Seine s’offre aux planches à dessin

La Seine s’offre aux planches à dessin

Avec « Réinventer la Seine », ce sont quarante lieux qui, entre Le Havre, Rouen et Paris, devraient se voir renouvelés par l’ « appel à idées » lancé

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Avec « Réinventer la Seine », ce sont quarante lieux qui, entre Le Havre, Rouen et Paris, devraient se voir renouvelés par l’ « appel à idées » lancé par les élus des trois communes. Objectif : donner un nouvel avenir aux sites choisis, souvent des friches industrielles abandonnées, et améliorer l’attractivité des rives du fleuve et des villes. Jury final en juin 2017.

Pas de métropole de dimension mondiale qui n’ait de porte largement ouverte sur la mer. La conviction n’est pas nouvelle : les géographes et économistes le répètent depuis toujours. Encore faut-il tirer un vrai profit de cette ouverture et lui donner corps… C’est ce que voudraient obtenir les trois villes majeures de l’axe Seine –Paris, Rouen et Le Havre, avec l’aide d’un nouvel appel à projets intitulé « Réinventer la Seine ».

Comme avec « Réinventer Paris », qui ne concernait alors que la Capitale, il s’agit de proposer à la créativité des architectes du monde entier –et au portefeuille des investisseurs- une quarantaine de sites très divers, répartis sur l’ensemble des bords de Seine et des canaux, sur le territoire de l’une ou l’autre des trois cités. Avantage, notamment pour Le Havre et Rouen, d’une opération qui s’apparente à un beau « coup » de marketing territorial : elle braque les projecteurs sur des sites, souvent d’anciennes friches industrielles, que les investisseurs et les architectes auraient volontiers oublié sans cet adossement à l’appel à projets parisien.

La mission des architectes encore une fois sollicités sera donc de donner une nouvelle vie à ces sites marqués par des constructions obsolètes ou dégradées, voire même purement et simplement inaccessibles.

Marchés flottants, évènements, magasins éphémères…

Première des exigences du « cahier des charges » : rendre le fleuve à des usagers qui doivent pouvoir travailler ou s’amuser au bord de l’eau. Encore faut-il que les constructions soient adaptées à l’eau omniprésente : place aux structures flottantes, aux pilotis et aux bois imputrescibles… Avec ces matériaux et constructions, seront proposés au bord de l’eau ou sur l’eau de nouveaux types de commerce et d’activités –marchés flottants, magasins éphémères…- ou bien des évènements sportifs ou culturels. Dans d’autres cas, c’est d’écologie et de paysage que l’on parlera autour du fleuve. Une dimension dont on sait à quel point elle est aujourd’hui chère à des citadins saturés de bruit et de pollution. Toujours, les riverains seront les bienvenus…

L’objectif des trois villes est évidemment, pour partie, d’ordre économique : « Notre système portuaire est la porte d’entrée internationale du pays. Le fleuve doit capter des flux de marchandises qui arrivent majoritairement par la mer, pour les redistribuer ensuite », souligne Edouard Philippe, maire du Havre. « Même si, hélas, le ferroviaire, qui serait pourtant essentiel pour capter les marchés au-delà de Paris, ne suit pas…».

Mais la fonction commerciale et logistique du fleuve est loin d’être seule concernée. Les objectifs touristiques ne sont pas oubliés : sur de nombreux sites, les élus aimeraient voir les loisirs se développer, accompagnés d’hébergements et d’équipements variés. Enfin, « la Seine est un endroit où nous vivons. C’est pourquoi, au-delà des « boites » (des conteneurs, NDLR), il nous faut aller plus loin pour imaginer des activités, du logement, de la culture… », ajoute François Philizot, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine.

Une préoccupation largement partagée par tous les élus : les projets quels qu’ils soient ont beaucoup plus de chances d’être bien accueillis si leurs riverains sont associés à leur conception, et si cette dernière est adaptée à leurs besoins.

Un projet à « boucler » en un an !

La nécessité de permettre aux citoyens de « s’approprier » les projets est d’autant plus cruciale que le calendrier, comme pour « Réinventer Paris », se veut serré. L’affaire doit être bouclée en une petite année, entre lancement opérationnel de l’appel à projets et jury final. En juin 2017, un jury statuera sur les projets de la première vague qui, encore une fois comme dans la capitale, doivent apporter avec eux leur montage financier… La deuxième vague prendra place, elle, entre octobre 2016 et décembre 2017.

Pas de temps à perdre : « C’est maintenant que nous devons lancer cela ! Paris est bien placée comme place créative, comme pôle de la pensée et de l’université, mais ce n’est pas suffisant », assure Anne Hidalgo. « Il nous faut maintenant nous doter d’une stratégie commune sur un ensemble et un espace plus larges à travers l’axe Seine. Si nous ne le faisons pas maintenant, nous serons disqualifiés… »

Crédit photo : AURH.

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