REI : le pari des immeubles en bois

REI : le pari des immeubles en bois

La construction d’immeubles en bois prend peu à peu son essor en Île-de-France. Depuis 2009, le promoteur REI en a fait sa spécialité. Mais si les act

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La construction d’immeubles en bois prend peu à peu son essor en Île-de-France. Depuis 2009, le promoteur REI en a fait sa spécialité. Mais si les acteurs de la filière bois se font davantage entendre, la production et la valorisation du matériau sont à la traîne.

« Près de 40 % des gaz à effet de serre proviennent du secteur de la construction. Il est temps de se tourner vers une nouvelle architecture », plaide Paul Jarquin, président-fondateur du groupe de promotion immobilière REI. Est-ce pour cette seule vertueuse raison ? En tout cas, depuis 2009, cette société s’est lancée dans la construction d’immeubles d’habitation en bois en région parisienne. Ce matériau ne manque certes pas d’atouts. En plus d’être une ressource renouvelable et non-délocalisable, c’est un excellent isolant thermique et acoustique. De plus, s’il est un peu plus cher (environ 10 %) de construire en bois qu’en béton, la gestion du chantier, plus simple, participe au rééquilibrage des coûts. Le bois étant plus rapide à assembler et générant moins de déchets, le prix de revient équivaut à celui des constructions classiques.

Le promoteur REI a construit jusqu’à présent une centaine de logements, un chiffre qui devrait être nettement revu à la hausse en 2016. L’effet COP 21 pousse-t-il collectivités et aménageurs à sélectionner les opérations vertueuses lors des appels à projet ? On ne peut l’affirmer avec certitude. Dans tous les cas, près de 250 logements sont en cours de préparation pour 2016 et environ 500 sont à l’étude, particulièrement dans les communes de l’est et du nord parisien. Montreuil, qui accueille le siège de REI, a déjà vu s’ériger 5 programmes immobiliers en structure bois. Les Lilas et Pierrefitte-sur-Seine devraient aussi prochainement voir se construire leurs immeubles. Une satisfaction non dissimulée pour la petite équipe d’une quinzaine de personnes, recrutées notamment pour leur bonne connaissance du matériau et leur « fibre écolo ».

Du bois pour Réinventer Paris

La chaîne des acteurs de la filière se poursuit jusque dans les Vosges. Le promoteur s’approvisionne en bois auprès de constructeurs-charpentiers. Parmi les essences utilisées, les résineux tels que les pins ou les épicéas, habituellement plébiscités en France car plantés en grande quantité. « Sur nos dernières opérations, nous avons surtout utilisé du bois français. On essaie au maximum de favoriser la filière locale », explique Paul Jarquin qui, en revanche, n’hésite pas à aller outre-Atlantique pour s’entourer d’architectes spécialisés. Michael Green, architecte canadien et spécialiste des tours de grande hauteur en bois, a planché avec les équipes de REI sur le projet de la tour Baobab dans le cadre du concours Réinventer Paris. Si cet immeuble de 35 étages, devant abriter notamment des logements et un jardin urbain, n’a pas obtenu les faveurs du jury, d’autres projets sont en cours de développement entre les deux agences.

L’engouement pour les constructions en bois, surtout présentes dans les paysages de montagne, atteint donc peu à peu les milieux urbains. Mais le promoteur doit encore rassurer et balayer les a priori. Parmi eux, en particulier, la crainte du feu. « Or, le béton s’effondre sous l’effet de la chaleur. Le bois, lui, tient plus longtemps lors de la combustion », précise Paul Jarquin. Lorsque c’est la pérennité des ouvrages en bois qui est mise en cause, le président-fondateur de REI cite les immeubles haussmanniens, constitués en partie de bois ou encore les maisons à colombages alsaciennes, aujourd’hui centenaires.

8 % des immeubles résidentiels en bois

Il ne s’agit donc pas seulement de convaincre de potentiels clients adeptes d’habitat en bois mais surtout de donner plus de poids à la filière française, notamment en matière de formation. « Si la filière bois a du mal à décoller, c’est parce que peu de professionnels sont formés », souligne Sylvie Alexandre, déléguée interministérielle pour la forêt et le bois. Les lieux de formation, s’ils existent à l’instar de l’École supérieure du bois (ESB) à Nantes ou de sections bois dans certaines écoles d’ingénieurs, sont encore trop peu mis en avant.

En France, seuls 8 % des immeubles d’habitation sont construits en bois, contre 30 % dans des pays comme la Suisse, l’Allemagne et la Norvège. La tendance pourrait cependant s’inverser : en décembre 2015, le projet ADIVbois, association pour le développement des immeubles à vivre en bois, a reçu 5,8 millions d’euros de l’État dans le cadre du programme des Investissements d’avenir. L’objectif ? Permettre la construction d’immeubles allant jusqu’à 15 étages et la recherche de solutions pour lever les obstacles techniques, réglementaires et culturels. « D’ici 2017, tous les acteurs d’ADIVbois espèrent avoir démarré la construction d’une dizaine d’immeubles de grande hauteur », conclut Paul Jarquin. Le rendez-vous est pris.

Ci-dessus, l’immeuble de logements Anthracite, livré en 2015 à Montreuil. Crédit : REI-Sergio Grazzia.