Le Grand Paris de la romancière Laurence Cossé

Le Grand Paris de la romancière Laurence Cossé

Il se lit comme un thriller… La romancière Laurence Cossé livre un récit palpitant sur la construction de l’Arche de la Défense. Une découverte archit

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Il se lit comme un thriller… La romancière Laurence Cossé livre un récit palpitant sur la construction de l’Arche de la Défense. Une découverte architecturale à suspense, à l’Ouest du Grand Paris dont elle égrène ici souvenirs et perspectives.    

Le Grand Paris… en un coup de cœur ?

Vivant à Paris depuis toujours et n’ayant jamais eu ni le besoin ni l’envie de m’encombrer d’une voiture (en dépit de ma famille nombreuse), j’apprécie beaucoup le formidable réseau de transports en commun de la région parisienne. Je suis allée, nous sommes allés partout, en train ou RER, à des compétitions sportives à Thiais, des expositions à Écouen ou Champs-sur-Marne, des mariages à Crépy-en-Valois ou à Chantilly… Je suis bien consciente que ce réseau a été fait pour les Parisiens, pour aller de Paris aux communes périphériques bien plus que pour relier ces communes entre elles. Il est bon que le futur réseau de transports en commun du Grand Paris ait pour objectif de rééquilibrer les communications autour de la Capitale.

Un coup de gueule ?

Les zones commerciales aux entrées des villes sont ignobles, dans la région parisienne comme partout en France. Ceci n’a rien de fatal. Il faut aller voir ce que font les pays voisins, des bâtiments bas, élégants, avec des toits, derrière des rideaux d’arbres, sans panneaux publicitaires agressifs. Réveillons-nous ! Cessons de penser que commerce rime avec laideur. Obtenons des élus locaux qu’ils soient plus exigeants. Tout dépend d’eux.

Un rêve pour le Grand Paris ?

Créer ou recréer sur la Seine des coches d’eau comme La Ville de Montereau dans L’Éducation sentimentale, qui desservent les nombreuses communes bordant la Seine à des prix assez raisonnables pour ne pas être réservés aux touristes.

Un souvenir ?  

Mon roman Le 31 du mois d’août suit une fuyarde, présente à toutes les pages du livre, la malheureuse conductrice de la petite Fiat Uno blanche qui entrait sous le tunnel du pont de l’Alma le 31 du mois d’août 1997 et a eu le malheur de causer bien involontairement la mort de la princesse Diana. Cette jeune femme – fiction pure, faut-il le préciser – n’a pas eu la force de se dénoncer aux enquêteurs, elle qui pourtant n’avait eu que le tort de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, non par peur de la police ou de la justice mais par terreur de la presse du monde entier qui la cataloguerait à vie « la fille qui a causé la mort de Diana ». Il lui semble que le meilleur endroit où se terrer est la périphérie de Paris, à condition qu’elle change de gîte tous les jours. Pour faire les repérages indispensables à ce livre, j’ai entrepris, comme mon personnage, le tour de la petite couronne de Paris à pied, dans le sens inverse de celui des aiguilles d’une montre. Cela m’a pris plus d’un mois, jour après jour. Un excellent souvenir. À pied, même dans des coins ignorés des guides touristiques, on repère mille choses cocasses et poétiques. Mon roman est nourri de ces choses vues.

Un jardin secret ?

Le toit de la Grande Arche, d’où l’on a une si belle vue sur Paris et la banlieue ouest. Ce grand toit aux superbes volumes a été fermé au public en 2010. Il fait en ce moment l’objet d’une rénovation complète par le cabinet d’architecture Valode et Pistre. Il rouvrira en 2017 et les visiteurs seront gâtés : l’étroit belvédère que l’architecte Spreckelsen leur avait consenti, côté Paris seulement, sera remplacé par une vaste passerelle permettant de traverser d’Ouest en Est la surface d’un hectare qui est celle de ce toit et d’avoir de nombreux points de vue dans toutes les directions.

L’aventure de l’Arche

« La scène se passe à l’Élysée, il y a très longtemps, dans un petit salon du palais, le 25 mai 1983 », écrit Laurence Cossé. Ainsi commence un thriller architectural haletant, basé sur des faits réels – la construction, à l’Ouest de Paris, d’une porte monumentale, La Grande Arche, arc bétonné géant qui donne son titre à ce roman vrai. En 1983, un architecte inconnu – il n’a construit que quatre petites églises, au Danemark – remporte à la surprise générale le concours international d’architecture Tête Défense. Mais la transformation de son rêve, une esquisse aux lignes pures, en un gigantesque édifice bétonné, aura un prix à la démesure du bâtiment : quatre ans plus tard, après des années d’études et de tension, le concepteur meurt, avant même que son œuvre ne soit sortie de terre… « Je ne savais rien d’autre de cet architecte inconnu, même pas son nom », explique Laurence Cossé, qui se lance dans une enquête au long cours pour construire, elle, un récit, et tenter de « percevoir le grand souffle à l’œuvre dans cette épopée, restituer avec la force qu’il fallait le dramatique engendrement d’une œuvre magistrale et qui semble aujourd’hui refléter la sérénité même. » Au cœur de celle-ci, confrontation des idéologies et des courants architecturaux, enjeux économiques, politiques, symboliques, luttes de pouvoir, pour un enchaînement de péripéties entre France et Danemark. Si la fin du livre est connue, le devenir de l’Arche reste à écrire : en 2017, son toit, rénové, accueillera un Observatoire de la modernité. « Une fois de plus, le défaut d’ambition est flagrant, conclut Laurence Cossé. S’il y avait un organisme à installer dans ce toit, c’est la Métropole du Grand Paris. Les organismes associés, l’Atelier international du Grand Paris, la Société du Grand Paris et le syndicat mixte Paris Métropole auraient pu trouver place dans les étages de bureaux de la paroi nord de l’Arche. Cela aurait eu de la gueule. Et cela pouvait donner à la Grande Arche un rôle dans la conurbation qu’elle mérite et qu’elle n’a jamais eu. » La Grande Arche, Laurence Cossé, Gallimard, 2016 – 368 p., 14 x 20,5 cm, 21 €.

Crédit photo : C. Helie – Gallimard.