La gare Pleyel, emblématique du Grand Paris Express

La gare Pleyel, emblématique du Grand Paris Express

Une gare-pont entre deux quartiers, entre deux époques. La gare de Saint-Denis Pleyel entrera en service en 2023, au sein d’un quartier qui doit, lui

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Une gare-pont entre deux quartiers, entre deux époques. La gare de Saint-Denis Pleyel entrera en service en 2023, au sein d’un quartier qui doit, lui aussi, être entièrement renouvelé. D’où le projet de l’agence Kengo Kuma : d’une grande plasticité, il doit s’adapter à un site en devenir.

C’est un curieux défi que celui qui a été imposé à l’agence Kengo Kuma, retenue pour son projet de création d’une nouvelle gare de Saint-Denis Pleyel, pôle unique de correspondances entre quatre lignes (14, 15, 16 et 17) du Grand Paris Express et connecté au RER D. Il fallait créer un site neuf, certes. Mais l’inventer dans un espace très évolutif, en cours de mutation. Il fallait encore que le bâtiment lui-même soit prêt à se transformer, à s’adapter finement à son environnement pour mieux le servir, à se faire gare, certes, mais aussi place publique, passerelle, lieu de passage aussi bien que de rencontres. « Un défi, oui », reconnaît Matthieu Wotling, chef du projet de la gare à l’agence Kengo Kuma, « mais qui correspondait bien somme toute à la vocation d’une agence japonaise. Lorsque l’on vient du Japon, on est très habitué aux contraintes fortes de l’espace et de l’environnement. On sait que le terrain est plus fort que l’architecte, qu’il faut le respecter et le servir sans s’imposer à lui. »

Résultat, une gare mille-feuilles, faite de rampes fines superposées, toute en transparence et en acier, à la fois aérienne et solide, à l’image des rails qui depuis des décennies s’élancent au beau milieu du quartier. Mais « respecter le quartier » ne signifie pas seulement ici faire écho à son passé industriel et ferroviaire. Car le quartier en question n’est plus aujourd’hui ce qu’il était hier, mais il n’est certainement pas encore ce qu’il sera demain. Avec la nouvelle gare qui verra passer chaque jour des dizaines de milliers de voyageurs, c’est un « catalyseur d’urbanité » qui doit sortir de terre, entre bureaux et logements nouveaux, entre activités, habitat et loisirs. Un catalyseur pour faire battre un nouveau cœur de ville, en quelque sorte. « Nous proposons une gare-pont, une articulation urbaine vitale avec laquelle les limites entre pont, toiture et parvis s’effacent », explique l’agence.

Du besoin d’adaptation au site et à son devenir est née une architecture d’une grande plasticité : « Nous présentons en fait différentes possibilités, différents scenarii qui permettent de dialoguer entre les divers partenaires. Rien n’est vraiment encore figé », souligne Matthieu Wotling. Dans cet univers mouvant, la future gare de Saint-Denis Pleyel manifeste pourtant des choix environnementaux forts. Autant que l’entrée de la lumière jusqu’au cœur du bâtiment, la présence d’un atrium vitré facilite le contrôle des ambiances et des températures, hiver comme été. Les matériaux bruts privilégiés offrent également l’avantage de nécessiter peu de maintenance. Des économies sont enfin attendues de l’orientation retenue et de la façade constituée de lames brise-soleil ; de quoi gérer la température pour limiter le chauffage autant que la climatisation. Mais aussi de quoi rappeler les dentelles de fer des gares du XIXe siècle en un jeu subtil entre matière et lumière.

Crédit photo : Kengo Kuma & Associates